Begotten
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Begotten

Film de E. Elias Merhige (1990)

La vie est courte, l'ennuie l'allonge. Gloire à Begotten !

Afin de mieux appréhender ce film somme toute assez étrange et pour le moins atypique, il me parait judicieux de vous faire part de mon analyse personnelle le concernant.
Notez également que cette analyse va décrire le film dans son intégralité. Contrairement à un film conventionnel, c'est ici la seule manière d'éveiller le mince intérêt qu'il peut susciter. Il est très difficile et pénible à visionner, car on reste 1 heure 12 minutes et 10 secondes à deviner à moitié les scènes à cause de la qualité de l'image et de l'absence de tout dialogue. (J'y reviendrai.)

Le film débute sur un plan en forêt. On peut voir une cabane. Vide, à l'exception d'une vieille horloge et d'une chaise drapée sur laquelle est posé un dieu (celui de la création donc) en train de s'ouvrir le bide pour y extirper ce qui doit être ses tripes et boyaux, grossièrement représentés par des bouts de tissu imbibés d'un liquide sombre. (Malgré la mauvaise qualité de l'image, on peut quand même constater que les effets spéciaux restent merdiques.)
Notre gusse finit par claquer. On a beau être un dieu, avec les tripes par terre, on reste quand même pas immortel faut pas déconner.
De sa mort naquit donc la Terre-Mère.
La naissance est représentée à l'écran de façon très rustique : la gonzesse dissimulée sous la chaise couverte de draps souillés par les éjaculas du macchabée divin, sort en rampant puis...commence à se tripoter..
Pour les séquences qui suivent je vous le fais en vitesse accélérée : la Terre-Mère fait une turlute au dieu mort (wé moi aussi ça m'a étonnée...m'enfin Gaya, elle s'en branle - sans mauvais jeu de mots) et s'enduit/s'emplit le corps de sa semence. (En même temps c'est un dieu.. Il avait peut être des ressources cachées le fripon, allez savoir..)
Elle se retrouve donc enceinte, puis donne naissance au Fils de la Terre.

Le fiston tire le mega jackpot dans l'histoire vu qu'il passe son temps à se faire massacrer par une tribu de nomades avant de ressusciter à plusieurs reprises pour se refaire aussitôt frager par les nomades, généralement à coups de hache/massue en pleine poire.
Au bout d'un moment la Terre-Mère en a plein le cul de voir son rejeton mourir constamment, elle finit par le balader au bout d'une corde afin qu'il reste lié à elle dans le but (sans doute) de le protéger.
Manque de bol maman tourne au LSD et entrave absolument rien à ce qui se passe autour d'elle (enfin, c'est l'impression qu'elle donne) car son fils se fait une fois de plus massacrer au bout de la corde pendant que la mère continue sa route en tirant dessus...


✖ Les personnages plus en détails ✖

Le contraste entre la mère et son fils m'a particulièrement marqué :
La Terre-Mère, outre sa fascination pour le ciel étant issue de la terre, semble complètement flegmatique et donne l'impression d'en avoir totalement rien à foutre du monde qui l'entoure. (Son visage restera quoiqu'il arrive figé vers le ciel.)
Le fils de la Terre semble hyperactif et s'avère être frappé d'une crise de tétanie plus ou moins violente en fonction de ses résurrections. L'enfant sera en crise durant tout le film.
M'est avis, le gars a dû pester son rôle durant un bon moment parce que feindre l'épilepsie pendant 1 heure ça doit être franchement lourd.

Parlons maintenant du peuple des nomades qui sont en quelques sortes les bourreaux de l'histoire.
Les personnages évoluent dans un monde post-apocalyptique désert et aride.
Ils pourchassent la Terre-Mère et son fils afin de redonner naissance à la nature par le biais de leurs enveloppes charnelles aux vertus divines.
Après avoir bousillé le fils 3 ou 4 fois ils finissent par choper la mère qui ne peut pas ressusciter, la violent (je crois) la démembrent (je suppose) et disséminent ses organes un peu partout dans la terre.
J'vais juste souligner à quel point les scènes "violentes" m'ont fait marrer tant les acteurs sont pas convaincants dans leurs gestes. Ils font des mouvements lents, mous, même avec un hachoir ultra coupant je doute qu'ils arrivent à découper qui que ce soit avec si peu de conviction.. M'enfin, passons..

Les organes fraichement découpés sont placés dans une...un..espèce de récipient que les nomades trimballent sur un site précis, puis plantés dans la terre.
Les organes divins finiront par faire émerger de jeunes pousses de la terre afin de redonner naissance aux forêts fertiles d'autant.
Les oiseaux cui-cuitent gaiement, le vent souffle paisiblement toussa toussa.. PAF ! Générique de fin, merci au revoir.


✖ Visuel & audio ✖

Comme dit plus haut, au premier coup d'œil on constate directement que l'image est sale, vieillie.
C'est évidemment un effet de style voulu et recherché, résultant de mois de travail de manipulation de la pellicule.
Le film montre des personnages/ombres évoluant dans des images über contrastées/saturées.
De fait, on passe le plus clair de son temps à tenter de comprendre ce que l'on perçoit sur l'image.
Le visuel est hypnotisant, envoutant. Il camoufle les imperfections des costumes et les gestes maladroits des acteurs, ce qui lui donne un charme singulier. Ça fait juste bien chier de passer son temps à essayer de deviner ce qui se passe à l'écran.
La bande sonore vierge de tout dialogue est faite de souffles, de murmures, de borborygmes, de chants d'oiseaux, de ruissellements de l'eau et d'un fond de musique qui intervient par moment.

L'absence de narration offre aux spectateurs une liberté totale d'interprétations sur ce qu'il perçoit.
La richesse de ce film vient selon moi du fait qu'il n'y aura pas deux personnes qui auront vécu / comprit (ou subit) le film de la même manière.


✖ Avis personnel ✖

Mon ressenti personnel vis-à-vis de ce film est un étrange mélange de blasance (parce qu'il faut bien l'avouer, on se fait vachement chier en le regardant) et d'attachement (parce que contre toute attente il y a un je-ne-sais-quoi de plaisant/d'artistique au niveau du visuel).

Au premier visionnage du film, je n'ai rien pigé. C'est finalement grâce au générique de fin, en voyant quels sont les rôles interprétés par les acteurs, que j'ai compris que ça fait référence au mythe de la création...

M'enfin bon, à toutes les personnes friandes de films uniques, peu communs et très spéciaux, regardez le ! (Ou du moins essayez.)
Herwen
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Créée

le 28 nov. 2010

Modifiée

le 14 sept. 2012

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Herwen

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