We're all love beginners, always...

2 ème film du réalisateur, Mike Mills clippeur, dessinateur, et actuellement réalisateur cinéaste, Beginners est une belle comédie à ce parfum doux-amer que beaucoup essaient régulièrement d'atteindre, surtout dans le milieu du cinéma indépendant US, mais dont l'équilibre est toujours particulièrement difficile à atteindre.
Les pièges réguliers de ces petits films alternatifs sur la psychologie tout en retenue des personnages peut se révéler un piège à trop s'éparpiller ou trop faire artiste pour la forme.

En ce sens, Beginners fait un peu penser à un, beau, film d'une Sophia Coppola qui aurait bien inspirée de prendre exemple sur lui quand on voit son dernier film, Somewhere, où le vide et l'absence de dialogues ne faisant pas tout.
Ici, Beginners a, presque, tout compris. Le quota de personnages du film est là: Ewan McGregor en quarantenaire aux relations à la dérive, Mélanie Laurent en actrice un peu perdue et abandonnant régulièrement ses copains, et enfin l'excellentissime Christopher Plummer dans le rôle du père qui fait son coming out gay à 78 ans.
Cela pourrait donner une galerie de personnages clichés et déjà-vus dans ce type de film, mais heureusement pour le spectateur, Mike Mills, les dépeint avec une légèreté inattendue, tout en tendresse, ne prennant jamais ni ses personnages, ni le public de haut.

L.A. et New York sont à ce niveau d'une douceur sans pareille. Aussi beaux et tendres qu'une carte postale en laissant leurs rêves et leurs doutes s'expriment dans le cadre du récit dans une belle plénitude.

Doux et grave à la fois, le récit qui pourtant alterne 3 périodes différentes: La fin de la vie du père (Christopher Plummer) d'Olivier (Ewan McGregor) et l'inattendue révélation de son coming-out, alors qu'il a vécu 44 ans avec sa mère. Les séquences courtes mais au doux parfum rétro des 60's avec la mère qui a une relation compliquée et absente avec le fils tout en lui montrant d'autres facettes de vie, et finalement la vie d'Olivier et de sa copine du film, Anna (Mélanie Laurent).
Le film fait une progression logique et cohérente au fur et à mesure comme le temps s'écoule, de morceaux de vie fragmentés ou tout peut basculer et ou tout petit évènement semble parfois important, comme cette belle séquence qui revient par à coups quand Olivier dessine son opinion sur le monde, lui qui est graphiste. Les dessins sont évidemment de Mike Mills, cela va sans dire. Prennez attention à ceux-ci, ils se révèlent délicieusement attendrissants.

Grave dans la manière de présenter les relations de couple et du pourquoi même lorsqu'on est heureux, tout semble vous échapper des mains, comme si la fatalité était évidente et impossible à contourner. Grave dans la manière de présenter la lente mais progressif déclin du père dans la maladie. Grave dans les doutes et la crise de la quarantaine ou l'on arrive à un âge où l'on se demande ce que l'on a fait de faux, et comment on aimerait changer pour que cette sensation d'être à nouveau un adolescent de 40 ans amoureux, puisse faire fonctionner ses nouvelles amours.

Tout ces sujets sont contrebalancés par une déclaration puissante de l'amour qui sans pathologie aucune, traverse tout le long la pellicule, en amenant par exemple, la tendresse d'Olivier vers son chien, qui comprend 150 mots mais qui ne peut hélas pas, s'exprimer. Beau, quand les silences se font et que Mélanie Laurent, étonnante dans un rôle tout en retenue, dévoile ses charmes, ses doutes, ses peurs et ses angoisses.
Beau, quand dans la séquence où le père décède, Ewan McGregor montre l'immensité de son talent à nous faire ressentir sa tristesse pour ce lointain départ.

Amusant aussi le film l'est, quand il dépeint ce père ayant réussi à faire son coming out et où le réalisateur arrive à présenter ce passage difficile d'un homme d'un certain âge réussissant à vivre le reste de vie qu'il lui reste. Présenté de manière claire et sans trop en faire en tout cas, c'est une belle réussite de ce côté là.

Enfin, le film a également les qualités nécessaires pour ravir l'esthète qui sommeille peut-être dans tout un chacun, il y a tout d'abord la bande-son délicieusement rétro. Ensuite, le cadrage soit posé dans des décors remplis d'amis ou dans de grandes pièces comme vides montre l'ambiguité de l'existence, où l'on est partout seul et réunis avec les autres en même temps. Le style de Mike Mills avec quelques répétitions ou variantes d'une même scène dans son film, est assez affirmé, et dénote une volonté de vouloir proposer des petites choses qui vont dans une envie: servir le style au service de la narration et non le contraire qui apparaît bien souvent dans les films "arty" US.



Touchant et admirablement réalisé, Beginners ne souffre peut-être que d'un manque d'attention à des personnages un peu plus construits, surtout le personnage d'Anna qui manquerait d'un peu plus qu'un vague "j'ai un père triste" ou encore le copain de Hal (Christopher Plummer) qui apparaît et est son amoureux des derniers moments.

On ressort à la fois mélancolique et en même temps heureux du film, tout en se projetant ses idées dans notre propre existence.
Et c'est peut-être là, la marque des "grands-petits" films: parler de l'humain sans concession, en lui portant un regard comme "nouveau".

Une belle pellicule à voir et à conseiller, et en plus Mélanie Laurent n'y est même pas irritante, un exploit!


Note: 8/10

Trailer: http://youtu.be/DFM3AE64bgw

Site web de Mike Mills: http://mikemillsweb.com/index.html
Aeneman
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le 4 août 2011

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Aeneman

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