En 1973, Billie Jean King, championne numéro 1 de tennis féminin américain accepte d'affronter le cinquantenaire Bobby Riggs pour un match historique. L'enjeu de la rencontre : démontrer ou infirmer l'infériorité de la femme dans le sport (et ailleurs).
Bon film à thèse, traversé d'un bout à l'autre par la question des rapports hommes/ femmes et de leur place respective dans la société. Les réalisateurs (un homme et une femme) tissent une trame dense dans laquelle chaque séquence, chaque échange, chaque service entre en résonance avec le thème principal.
La dramaturgie est construite autour de 4 matchs. Le premier ouvre le film (et sert de support au générique), c'est celui qui intronise l'héroïne (King). Le deuxième la montre perdant sa place contre une autre femme (Margaret Court). Le troisième match montre cette femme, Court, échouer contre Bobby Riggs, un ancien champion arrogant. Le quatrième et ultime match montre la confrontation entre King et Riggs (magnifiés en Cléopâtre contre Playboy).
Entre les matchs, on sent comment cette bataille des sexes sous-tend les rapports au quotidien (« dans la cuisine et dans la chambre à coucher »). Les cinéastes évitent les clichés en montrant un Bobby Riggs pas si macho à la maison, soumis financièrement à sa femme (le défi permettant de se renflouer et de gagner en indépendance). King est quant à elle soutenue par un mari aimant qui s'efface devant la carrière de sa femme.
Le tennis dans ce film sert à matérialiser le conflit mais il n'est pas utilisé de manière artificielle. Les matches sont filmés de manière à comprendre les enjeux et à participer à la stratégie des joueurs. On assiste à une véritable partie d'échecs entre deux joueurs qui démontrent dans cet affrontement leur égalité.
Une intrigue amoureuse un peu gadget (scénaristiquement) est glissée dans le film entre King et une autre femme. Elle est introduite, je pense, pour élargir le thème du film à l'homosexualité (et à la place des homosexuels dans la société). « Un jour on pourra être qui on est et aimer qui on veut ».
Laissons encore un peu de temps à cette prophétie de se réaliser...
PS: Je vous conseille The Battle of the sexes le documentaire de James Erskine et Zara Hayes (un autre couple) sur le même sujet. Les deux films sont assez complémentaires. La vraie Billie Jean apparaît beaucoup plus politisée.
La Petite Chronique