Cette critique peut contenir des spoilers.
On m'a vendu Batman de Tim Burton comme la meilleure adaptation du personnage de Bob Kane à ce jour et un sombre film d'action des années 80. Je vais sûrement me faire massacrer mais (0.) je n'ai pas trouvé en ce film une bonne adaptation de Batman. Et d'ailleurs même pas une adaptation de Batman tout court. On y suit plutôt l'évolution de la folie du Joker/Jack Napier (1. On n’a jamais connu l'identité réel du Joker) et le film se retrouve un peu vide de sens quand l'homme chauve-souris incarné par Michael Keaton ne semble être présent que pour tuer (2. Batman refuse de tuer) le Joker et ses sbires et pour installer une romance entre lui et Vicky Vale (3. Batman, sans réfléchir, dévoile son identité secrète d'orphelin milliardaire à n'importe qui dans ce dyptique : Vicky Vale, Selina Kyle et Max Schreck l’apprennent. Alors que Bruce garde très bien son secret, connu seulement d'Alfred, de la Bat Family et de la Justice League). Vicky Vale, qui, (4.) contrairement aux comics, n'est pas la reporter intelligente mais la potiche de service lâchant des cris stridents à tout va et tombant toujours entre les mains du Joker, servant d'appât pour Batman.
Tim Burton donne ainsi lieu à des scènes d'actions très mal réalisés et figés dans lesquels Batman n'a rien d'un dynamique et sombre justicier maître en art martiaux mais s'apparente plus à un jeune adulte peu sûr de lui, à l’image de la (5.) frêle carrure de Michael Keaton, totalement contraire à l’imposante stature de Batman. De plus, (6.) ses bat-gadgets si caractéristiques du riche milliardaire sont totalement absent (hormis le bat-grappin, qui (7.) semble très lent et très difficile à manier, très loin de la vivacité du bat-grappin). Ah si, la Batmobile et la Batwing sont présentes. Batwing que Batman ne sait même pas manier et qui n'a besoin que d'un coup de feu du Joker pour être détruite. Un seul. Rappelons-le, Bruce Wayne/Batman est un justicier n'ayant aucun pouvoir mais ayant accès à un équipement de très haute technologie. Mais un de ses véhicules principaux, qu'il conduit afin de sauver des centaines de milliers de personnes du gaz hilarant du Joker, est mis hors-service par une arme grotesque et comique.
Le film Batman de Tim Burton est donc, selon moi, loin d'être un film sérieux et sombre (certes l'environnement gothique,urbain et noire de la ville de Gotham l'est, mais cela ne suffit pas!), puisque l'aspect le plus attrayant ici est le développement de la folie de Joker, rendu fou par sa défiguration après être tombé dans une cuve d'acide. Il a un sens sadique de l'humour et est un dangereux terroriste psychopathe, voulant emporter tout Gotham dans sa folie en propageant son gaz hilarant, provoquant le rire jusqu'à la mort. Et là est la vrai force du film, énormément centré sur le personnage interprété par Jack Nicholson, à un point qu'il relègue Batman à un statut de personnage secondaire.
C'est bien beau tous ces nombres qui témoignent du manque de fidélité de Tim Burton au comics d'origine, mais n'est ce pas le respect de l'esprit de l'oeuvre ce qui importe le plus après tout? L'esprit Batman n'importe-t-il pas plus que tout? Que tous ces gadgets, ces histoires de carrures et d'identité secrète?
Bien, je suis bien d'accord, mais tout d'abord, qu'est-ce l'esprit Batman? C'est une croisade contre la pègre, un combat acharné et infini face au mal qui ronge Gotham. Croisade donnant lieu à des enquêtes méticuleuses entreprises par Batman dans la Batcave, des combats acharnés dans les sombres rues de Gotham et de complexes remises en question perpétuels de Bruce Wayne. Alors, retrouve-t-on l'esprit Batman dans le premier volet du diptyque de Tim Burton? Non.
En plus de ne pas avoir fait du Batman mais du Joker, Tim Burton n'aura pas fait un bon film sur l'univers de Batman, mais un bon film tout court.