Le long-métrage qui renouvelle le genre érotique.

Trop homophobe, trop misogyne, trop sexuel, ce long-métrage a été salement traité de tout pour son scénario très sulfureux et pour ses scènes de sexe trop hot aux yeux de certaines ligues féministes pour que le film soit accepté tel qu'il l'est. Néanmoins, cela n’a pas empêché cette production de devenir culte pour son histoire intrigante et envoûtante, celle d’un inspecteur de police enquêtant sur le meurtre d'un rock star et désignant comme suspecte principale, Catherine Tramell, une écrivaine froide et n’exprimant aucune émotion, une manipulatrice perverse. L’une des forces majeures du film vient cette dernière, un personnage qui captive notre attention, nous motive à le suivre et nous fait poser des questions sur sa façon d’agir et particulièrement sur ses fréquentations sexuelles. Homosexuelle ou hétérosexuelle, on ne sait pas ce qu’elle est, elle se comporte d’une manière très étrange, c'est à se demander quel genre de femme nous sommes en train de découvrir.


Et c’est assez rarement vu dans un thriller, on est fasciné par cette femme exerçant son pouvoir naturel sans qu’on la voie forcément le faire. C’est ce que la production nous laisse envisager, on est incité à suivre d'un œil attentif l’enquête mené par le policier, avec cette question brûlant nos lèvres : Va-t-il réussir à résoudre son enquête ou se laisser tomber sous le charme de l'écrivaine ? Pour tout dire, j’apprécie énormément ce genre de manipulation érotique, cela dégage un suspense inclassable, le type de suspense qui nous fait basculer littéralement d’un genre vers un autre. En dégustant avec plaisir chaque scène de sexe, je me suis souvent posé la question si ce film va finir par se convertir en une production pornographique. Et même si ce n’est pas le cas, ce long-métrage prouve que le cinéma est un art tout à fait étonnant.


Surtout avec la révélation étonnante de Sharon Stone qui fut catapultée royalement au rang de star du cinéma après avoir incarné la fameuse Catherine Tramell. Cette dernière n’est pas une actrice qui ne me m'a pas vraiment surpris. Au fait ! Je l’ai déjà vu jouer dans un rôle similaire dans la production Total Recall, en maltraitant un peu le bodybuildé Arnold Schwarzenegger. Sauf que dans Basic Instinct, Sharon use plus de son charme que de son physique, face à un Michael Douglas livrant une performance sincère et solide de son personnage. Un acteur que j’aime bien et qu’il a la gueule parfaite pour interpréter un policier exemplaire. Le visage de ce dernier est un atout indispensable pour cette production, un élément qui va nous mener dans la tromperie.


On pense qu’il est sérieux dans la peau du policier mais on découvre pendant le visionnage qu’il cache une autre personnalité, celle qui représente un policier incapable de mener son travail professionnellement et correctement. J'ai pu remarquer pas mal des points positifs repérés pendant le visionnage tels qu'une mise en scène fluide, un nombre satisfaisant de scènes torrides, une base de thriller judicieusement bien appliquée et des répliques qui peuvent signifier plusieurs choses à la fois. Et si le film reste mémorable pour son histoire narrant une relation particulière entre un policier et une écrivaine, elle restera également mémorable pour sa fameuse scène culte de l’interrogatoire, celle où Sharon exprime sa féminité dans sa robe blanche, avec son regard hypnotique et ses jambes félines croisées, assise sur une chaise, face à une caméra constamment braquée sur elle.


Une scène que pratiquement tout le monde a adoré, particulièrement le public masculin, sauf Sharon Stone qui ne s'est pas retenue de foutre une gifle au réalisateur Paul Verhoeven pour avoir filmé à un endroit qu’il ne fallait pas. Ce film a peut-être fait scandale mais moi, je le trouve très correct dans l’ensemble, ce n’est ni trop vulgaire, ni trop sauvage et encore moins homophobe. J'ai surtout et malheureusement constaté quelques longueurs assez lourdes et une dernière partie (les 30 dernières minutes) qui m'a fait ressentir de l’essoufflement scénaristique, des détails qui auraient pu être mieux travaillés. Même avec ses défauts, c’est une production où le réalisateur a su mettre en oeuvre un thriller diaboliquement prenant, avec une dose raisonnable de sexisme. 7/10




  • Il est interdit de fumer ici mademoiselle.

  • Vous allez faire quoi ? M'inculper pour fumage ?


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le 6 mars 2018

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LeTigre

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