Un génie inattendu, riche à tous points de vue, esthétiquement, la photographie certes, mais surtout la musique qui joue un véritable rôle de personnage invisible supplémentaire et vient sublimer les sentiments des personnages.

Ce film possède de tels références, et de tels reflets dans les évènements et leurs symboliques qu'il serait difficile de tous les étaler l'un après l'autre sans risquer de dévoiler toute l'histoire, mais toujours est-il que ce film constitue une énorme référence culturelle.

Chaque scène constitue une étape importante dans le film de la vie de Barry Lyndon, depuis l'innocent "voyou", vaguement gentleman, et tellement timide qu'il ne peut toucher une femme sans avoir peur de l'offenser et quelque peu innocent derrière son visage de brute, jusqu'à l'être qu'il deviendra en sortie.

Les références culturelles également sont énormes, dès la première scène où les soldats qui attirent tant le garçon à devenir militaire, constituant à la fois le jeu (les soldats de plomb) et le fantasme de l'homme qui veut devenir un mâle dominant, et ainsi quérir la femme de son cœur, guerre plus adulte que lui.

D'amourettes en aventures, la vie du garçon remplie de panache le transforme par les trahisons, les attaches à ses racines à ses rencontres d'hommes honnêtes et de forbans pour une recherche constante de l'accomplissement.

Ainsi donc, la grandeur et la décadence d'un homme profondément humain, parfois cruel, parfois sensible, complexe et aux mille humeurs de sentimentalisme, d'amour, de colère, d'obstination, se montre au travers de trois heures de film au découpage musical audacieux et puissant, des comptines de son Irlande natale (Women of Ireland) jusqu'à la fameuse Sarabande d'Haendel.

La musique au début : http://www.youtube.com/watch?v=BmANPPIi168
La musique à la fin : http://www.youtube.com/watch?v=91sfrw106xs

Il y a un certain fossé montrant l'importance de l'être qui se dévoile au travers de chaque scène qui se montre non seulement comme un tableau aux symboliques étonnantes, mais également comme une pièce d'un énorme puzzle, puisque chaque scène constitue une façade du personnage final, dévoilant des nuances intenses.

Mais Barry Lyndon, ce ne sont pas qu'une musique qui colle parfaitement en toutes occasions et remplie de références culturelles et de sous entendus (ils constitueraient une analyse poussée scène par scène ce qui n'est pas le but de la présente critique), c'est également des prouesses techniques en terme de photographie, non seulement par un cadrage qui joue son propre rôle d'éloignements, de rapprochements, et de mouvements variés, mais également dans la technologie, j'ai appris en lisant ça et là que la scène du jeu, une scène centrale dans le film, a nécessité l'emploi d'une caméra prêtée par la NASA pour filmer dans le noir avec les seules bougies pour éclairage, offrant une allure organique sublimant la scène par son ambiance tamisée accordant une allure très particulière à la dite scène.

Et puis il n'y a pas que Barry Lyndon dans Barry Lyndon, il y a aussi toute une brochette de personnages dont l'importance va crescendo, tous sont hauts en couleur à la limite du ridicule, ou au contraire d'une grande sobriété et offrent un contraste avec le personnage principal, lui donnant encore plus de volume. Le drame, la romance et l'aventure passent à chaque instant au travers du filtre de Kubrick, offrant un mélange maitrisé à chaque scène et accordant à l'histoire et à sa mise en scène une place égale et symbolique.

Bref, Barry Lyndon, c'est une épopée à la limite du fantastique littéraire, affichant la vie d'un voyou en quête de grandeur, et marchant vers sa décadence.
Crillus
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 4 avr. 2014

Critique lue 523 fois

4 j'aime

3 commentaires

Crillus

Écrit par

Critique lue 523 fois

4
3

D'autres avis sur Barry Lyndon

Barry Lyndon
Anonymus
10

Critique de Barry Lyndon par Anonymus

Ah ! Redmond... Ce film nous amène à "la grande question cinématographique" : comment un personnage, si bien vêtu, filmé avec tant d'art, de science et de goût, dans des décors naturels si somptueux,...

le 2 déc. 2010

188 j'aime

24

Barry Lyndon
KingRabbit
9

Comment créer de l'empathie pour un odieux connard ?

Un type qui vient de nulle part, à l'égo démesuré, effroyablement jaloux, qui va vouloir aller au top du top... Qui va gravir les échelons, devenir un champion de l'escroquerie, un opportuniste, un...

le 31 janv. 2014

109 j'aime

9

Barry Lyndon
DjeeVanCleef
10

#JeSuisKubrick

Ça avait commencé comme ça, sur rien, une de mes peccadilles quotidiennes, l'occasion immanquable d'exposer ma détestation quasi totale du dénommé Stanley Kubrick, génie du 7ème Art de son état. Et...

le 29 juin 2015

105 j'aime

17

Du même critique

La Vie et rien d'autre
Crillus
8

Riz donc un peu !

Ce film est empreint d'originalité et de classicisme, servi chaud par une brochette d'acteurs cuits au feu de la connaissance après avoir été délicieusement trempés toute une vie dans une marinade de...

le 24 mars 2014

18 j'aime

18

Zero Theorem
Crillus
5

Le serpent qui se mord la queue.

Aaaahhh Zero Theorem, ma plus grosse attente de l'année 2014 par un réalisateur qui enthousiasme. C'était pourtant bien parti avec une ambiance sombre et cynique, un individu perdu et solitaire...

le 2 août 2014

18 j'aime

4

37°2 le matin
Crillus
6

T'as une belle affiche tu sais ?

Le film commence par une scène de sexe entre le héros et l'héroïne. J'ai un adage: une scène de cul, c'est du vide. Qu'on s'entende, je n'ai rien contre une scène de sensualité encore que je trouve...

le 14 sept. 2016

17 j'aime

4