Le terrible destin d'un ambitieux au XVIIIe siècle.

Chef d'oeuvre ! Barry Lyndon est un de mes films-culte. Il a été réalisé en 1975 par Stanley Kubrick. Une grande part de son succès (du moins en France, en Italie et en Espagne – car, bizarrement, il été boudé dans les pays anglo-saxons) est due, bien entendu, à la talentueuse mise en scène de Stanley Kubrick, dont c'est pour moi, avec 2001 l'Odyssée de l'espace, l'un des plus beaux films et l’un des plus achevés. Le montage de ce film a duré trois ans et, à le voir ou à le revoir, on comprend que rien n'a été laissé au hasard. Chaque scène, chaque image, est ciselée comme un bijou précieux. En outre, la musique, qui joue un rôle prééminent dans tous les films de Kubrick, est ici l'un des acteurs du film : on ne peut en effet imaginer "Barry Lyndon" sans sa bande originale, qui mêle avec bonheur des airs de musique traditionnelle irlandaise (interprétés par le groupe irlandais "The Chieftains") et de la musique classique, rendant immortelles des œuvres à l'époque oubliées, comme la "Sarabande" de Haendel, le trio opus 100 de Schubert, ou des compositions de Bach et de Vivaldi.


La beauté esthétique de ce film est due au magnifique travail de John Alcott, le directeur de la photographie, qui le tourna entièrement en lumière naturelle (y compris les scènes d'intérieur qui furent éclairées à la bougie !) grâce à une caméra spécialement modifiée pour être adaptée à un objectif Zeiss fourni par la Nasa. La qualité des décors (les paysages naturels ainsi que le superbe Castle Howard, dans le Yorkshire) joue aussi un grand rôle dans la somptuosité de ce film où, là encore, Kubrick utilisa des techniques créant une profondeur de champ importante qui confère aux paysages une allure de peinture filmée. Ce même directeur de la photo, John Alcott, a collaboré à trois autres films de Kubrick, Shining, Orange mécanique et 2001l'Odyssée de l'espace. Il est hélas décédé trop tôt, à l'âge de 55 ans après avoir cependant été le directeur de la photo de plus de 20 films entre 1968 et 1987. Une autre des spécificités de ce film (que Kubrick emploiera dans neuf autres de ses réalisations) est l'utilisation de la voix-off qui permet au réalisateur de prendre ses distances d'avec ce que le spectateur voit à l'image, certains des commentaires les contredisant même entièrement.


Ce film est pour moi, avec dans un tout autre genre 2001 l’Odyssée de l’espace, le grand chef d’œuvre de Kubrick et un chef d’œuvre absolu tout court qui mérite de figurer dans toute cinémathèque.

Roland_Comte
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le 5 oct. 2014

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Roland Comte

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