Bons ou mauvais, beaux ou laids, riches ou pauvres, ils sont tous égaux maintenant

Voici le sixième film de Stanley Kubrick que je vois, et je peux désormais dire que le réalisateur est une valeur très sûre, excepté Docteur Folamour que j’ai moyennement apprécié, tous les autres films ont été une superbe expérience pour moi. Aussi je m’étonne de la grande variété et de l'ingéniosité dont fait preuve l’homme, tant ses films sont tous si diamétralement opposés sur le fond comme dans la forme. Finalement, on ne saurait se lasser de son travail.


Et pourtant ce film n’était pas parti gagnant, en tout cas en ce qui me concerne, et j’ai eu beaucoup de mal à accrocher à la première partie, si bien que je pensais lui attribuer une note en dessous de la moyenne. Je ne savais pas à quoi m’attendre, et dès les premières secondes, j’ai eu un sentiment de rejet. Le cadre spatial et temporel, ainsi que le genre, tout me rebutait tellement l’univers de ce film est à l’antipode de ce que j’apprécie. D’ordinaire, je n’apprécie pas les films costumés se déroulant au XVIII° siècle, notamment lorsqu’ils mettent en scène la noblesse, les libertins et tout le tintouin. Cette ambiance m’ennuie profondément, et j’ai beaucoup de mal à m’investir émotionnellement à travers ces personnages que je trouve grotesques.


Je dois dire, aussi, que les premières séquences du film, avec ces duels et ces batailles de guerre, m’ont grandement rappelé les premiers clips de Mylène Farmer (oui, désolé pour la référence, cela dit, ce sont de très bonnes productions françaises), je ne suis pas expert sur ce sujet, même si j’apprécie tout particulièrement l’artiste, mais il apparait clairement que Laurent Boutonnat, le réalisateur de ces clips, a été particulièrement influencé par le film. On retrouve en effet des similitudes frappantes qui m'ont beaucoup intéressé.


Revenons-en au film. L’histoire m’a convaincu dans la seconde partie, où j'ai été complètement happé par le spectacle. Je me suis un peu ennuyé durant la première heure. Heureusement, les costumes, les décors, les reconstitutions se laissent délecter avec grand plaisir. Je n’ai pas été particulièrement sensible aux acteurs, mais ce qui est certain c’est qu’ils sont loin d’être mauvais. J’ai également éprouvé beaucoup de mal à ressentir de l’empathie pour le héros (serait-ce une marque de fabrique de Kubrick ?). Effectivement, rares sont ces films où l’on ressent de l’affection pour les personnages. Ici, Barry Lyndon m’a carrément repoussé en dépit du fait qu’il n’est pas le monstre que l’on voudrait bien croire. Il est en réalité tout à fait humain, avec ce que cela comporte de qualités et de failles. Toutefois, c’était plus fort que moi, je ne l’ai pas aimé. Cela ne m’a pas empêché d’apprécier toutes les subtilités de son histoire.


J'ai eu du mal avec les scènes de violence. La reconstitution des batailles est fascinante, en nous laissant juge de l'imbécilité et du gâchis de ces guerres, tellement abjects. C'est à se demander si le film colle véritablement à la réalité, apparemment oui, et c'est désolant.


La musique du film, mélange de folklore irlandais et musique classique, m’a beaucoup plu. Dommage que les thèmes reviennent si souvent, cela donne un sentiment de répétition un peu lassante par moment, je crois notamment qu’un air de Bach (si je ne dis pas de bêtise) est exagérément représenté.


D’une manière globale, j’ai grandement apprécié le film, mon avis a littéralement basculé dès les premières séquences de la deuxième partie. Je crois savoir qu’une partie du public a préféré le premier acte, en ce qui me concerne c’est le contraire, comme quoi il en faut pour tout le monde.
Un dernier mot tout de même pour évoquer l’esthétique folle du film. Si ce n’est pas mon genre de prédilection, je reconnais volontiers que Kubrick sublime le genre (comme chacun de ce qu’il a exploré). Je ne pensais pas pouvoir aimer autant un film prenant place à cette époque de l'histoire, et rien que pour cela l’œuvre mérite une note exemplaire.

Casse-Bonbon

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