Barry Lyndon par Nicolas Royer
L'histoire est prenante et d'un point de vue plastique, le film est magnifique.
Cependant, ce qui fait sa beauté et son originalité constitue aussi selon moi une limite: Barry Lyndon est figé. On dirait une succession de tableaux de Gainsborough et c'est beau, mais si le Cinéma se distingue de la photographie ou de la peinture, c'est grâce au mouvement. Le problème de Kubrick est similaire à celui d'Antonioni.
Les personnages sont eux aussi statiques. C'est certes un style de mise en scène, mais le cinéaste n'a jamais été un grand directeur d'acteurs. C'est pourtant la base d'une bonne réalisation, souvent négligée à côté du "tape-à-l'oeil".
L'utilisation du travelling arrière est exagérée. Elle ne sert pas le fond du film. Kubrick disait de Chaplin que c'était "le fond sans la forme", mais lui est la forme sans le fond. Son film est un exercice d'esthète.
L'utilisation de la musique de Schubert est anachronique. Là aussi, Barry Lyndon manque de réalisme.