https://www.youtube.com/watch?v=S8vV-MY66pk

Ou le moment où je me suis rendu compte que Kubrick avait tout compris au cinéma.
Une séquence magnifique, un film inoubliable.

Outre le fait que Barry Lyndon est un des plus beaux films, esthétiquement parlant mais pas seulement (j'y reviendrai), de l'histoire, il est surtout ce que je considère le point d'orgue de la carrière de son réalisateur. Ce moment où Kubrick touche à la grâce, enfin un peu plus qu'à l'accoutumée.
Cette séquence est une de mes préférée, la plus belle du film assurément, peut-être une de celle qui m'aura le plus touché devant un film. Comme je l'ai dis plus tôt, quiconque souhaite faire du cinéma un jour devrait regarder et analyser ces 4 minutes qui m'ont personnellement scotché à mon siège, restant muet comme le sont Barry et la comtesse.

Il y a déjà la beauté intrinsèque de l'image, le contraste entre la chaleur des bougies et la froideur de la nuit, jeu constant qui offre une esthétique magique à l'image. Il faut dire que pour obtenir ce grain, et réussir à n'éclairer qu'avec des bougies, il fallait des objectifs de tarés, permettant une ouverture maximum. C'est ainsi que Kubrick décida d'utiliser des obectifs de la NASA, qui permettait alors l'ouverture nécessaire pour filmer dans la pénombre. Une réalisation technique incroyable qui démontre la ténacité du réalisateur dans ses choix et on ne peut que l'approuver quand on voit le résultat à l'écran.

La montée en tension n'est pas en reste, le jeu du champ/contre champ, la pièce de Schubert, la mécanique parfaite avec laquelle s'exécute les mouvements de caméra et la gestuelle des acteurs, les choix de valeurs de plans, tout est parfait. Véritablement un exemple de mise en scène, je suis méga fan.

Et puis il y a le film, les 3h, une montagne pourrait on croire. Il n'en est rien, l'ascension sociale et la chute de Redmond Barry, sa rencontre avec la froideur de la vie, de ses amours à la guerre (qui donne lieu à une autre séquence magnifique d'ailleurs) se déroulent sans accroc, c'est fluide, et l'on a l'impression de se déplacer à l'intérieur de véritables tableaux. En plus de choisir des objectifs avec une ouverture maximale, Kubrick choisit de privilégier une grande profondeur de champ (une plus grande zone de netteté si vous préférez) ce qui donne vraiment l'impression que chaque début de séquence pourrait être un tableau peint, et ce jusqu'à ce qu'il s'anime. Quand je vous affirme que je trouve le film parfait c'est pas des paroles en l'air !

Au final Barry Lyndon est un chef d'oeuvre, une oeuvre intemporelle et un film à montrer à tous les apprentis cinéastes, histoire qu'on arrête de voir sortir des petits moutons de l'usine à Besson.
A bon entendeur !

(Sinon j'ai dis que j'ai pris mon pied du début à la fin du film ?)
Strangelove
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le 2 juil. 2014

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Strangelove

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