La hype horrifique de cette fin d'année semble donc être du côté de la plate forme Disney + avec Barbare de Zach Cregger. Un véritable concert de critiques souvent très élogieuses pour un film unanimement salué, notamment par l'équipe de Mad Movies qui même si elle n'est plus pour moi une référence absolue reste un bon baromètre des tendances horrifiques du moment. Après visionnage du bousin, je serais bien plus mesuré et dubitatif avec au final cette question qui me trotte dans la tête : "Le cinéma horrifique est il à ce point en perdition pour que l'on s'enflamme sur un film comme Barbare ?"


Barbare c'est donc l'histoire de Tess , une jeune femme qui débarque en pleine nuit pour séjourner dans le Airbnb qu'elle a louée pour quelques jours. A son arrivée elle découvre qu'un type occupe déjà cette location et se retrouve alors contrainte à la cohabitation. Ce n'est qu'au petit jour que Tess va découvrir que la maison, seule encore debout dans un quartier bien pourri, cache également de lourds secrets dans son sous sol.


Aux regards des nombreuses critiques que j'ai pu lire, il serait préférable de ne rien savoir de Barbare pour véritablement l'apprécier (ou se faire avoir ?). Il me semble pourtant que le film ne comporte pas de fulgurant twist, ni de révélations fracassantes pouvant totalement chambouler le plaisir du spectateur une fois révélées. Tout au plus cela dénote d'une écriture assez maligne (pas toujours au sens le plus positif du mot) qui perd de sa force à mesure qu'elle va expliciter son propos. En tout cas si vous n'avez pas vu le film, vous pouvez quitter la lecture de cette critique que je ne vais pas globalement englober dans une immense balise Spoilers Alert !!


Toute la première partie du film est plutôt agréable et très efficace pour la simple et très bonne raison qu'elle joue sur l'inconnu, le mystère et l’obscurité. Durant une bonne partie de son long métrage, Zach Cregger qui est également scénariste perturbe nos attentes en orientant son film vers le thriller anxiogène et insaisissable. Effectivement dans un premier temps il sera bien difficile de cerner la menace insidieuse et savamment distillée qui fait de cette maison un étrange endroit propre à toutes les angoisses. Est ce la maison elle même, son locataire inattendu ou son quartier en perdition qui constitue la source de l'inquiétude ? Barbare joue à merveille sur cette triple menace lors du premier acte de découverte et d'exploration des zones d'ombres de ses trois entités qui enflent en tension jusqu'à un terrifiant et mystérieux climax horrifique finalement plus riche en interrogations qu'en réponses. Puis arrive la première rupture de ton après un long fondu au noir. Le film introduit alors un nouveau personnage qui n'est autre que le propriétaire de la maison empêtrée dans une sale affaire de harcèlement et d'accusation de viol qui le pousse à vendre ses biens afin de financer sa défense judiciaire. Interloqué, je me suis un temps demandé dans quelle temporalité s'inscrivait ce personnage et son histoire, pensant même que ce récit venait expliciter le passé de la maison. Finalement c'est dans la continuité de l'histoire que vient se greffer ce nouveau personnage dans l'air du temps post #MeToo. Interprété par Justin Long, le personnage semble un peu introduire au forceps un sous texte sur le harcèlement et le consentement à travers un personnage délicieusement cynique et pragmatique à l'image de son amusante réaction lorsqu'il découvre ce dédales de sous terrain et de pièces étranges sous sa maison et qu'il s'empresse de les mesurer espérant pouvoir faire grossir le prix de vente. Cette seconde partie commence à mettre en lumière les zones sombres et nous expliquer la nature de la véritable menace qui court sous les combles de la maison. Et puis arrive presque une troisième partie qui va malheureusement tout mettre en lumière, tout expliciter, tout raconter et faire passer le film d'une fascinante interrogation à une incongrue réponse.


La paradoxe principal de Barbare c'est sans doute de perdre en crédibilité à mesure qu'il cherche à tout expliquer. J'avais dans un premier temps l'impression d'être dans une pièce noire avec des bruits et des ambiances propre à faire fantasmer mon imaginaire morbide et que d'un coup on avait allumer la lumière sur une pièce vide dans laquelle s'agitait un pantin avec écrit « Bouh fait moi peur ». Pour moi il est parfaitement clair que cette mystérieuse femme qui hante les sous sols labyrinthiques de la maison aurait du rester un mystère car ni ses origines, ni ses motivations maternelles ne parviennent à pleinement me convaincre. Peut être plus embêtant encore c'est toute l'écriture du film qui semble d'un coup s’effondrer comme un château de cartes lorsque l'on comprend qu'elle masque par des artifices et des faux semblants le fait qu'elle n'a finalement pas grand chose à raconter. Même le sous texte qui gratte un peu avec l'opposition morale d'un véritable vieux dégueulasse, violeur, psychopathe et incestueux avec ce producteur accusé de harcèlement finira par faire pschittt lorsque le film nous montrera le personnage comme un bon gros salaud sans scrupules qui mérite d'être punie par la main vengeresse de la femme éternellement victime. En tout cas tout ce qui générait l'angoisse dans un premier temps, prêterait plutôt à sourire dans son final beaucoup trop démonstratif tant visuellement que thématiquement. Car oui pour moi une vieille femme à poil aperçu dans les dédales sombres d'un sous sol et bien plus flippante que quand elle court les miches à l'air dans la rue et défonce des murs comme un Terminator.


Barbare est donc une grosse déception malgré l'évident savoir faire de Zach Cregger et quelques séquences de flippe qui objectivement font le boulot. Après je n'arrive pas à me détacher de cette sensation d'un film pas tout à fait honnête dans sa proposition et qui masque sous les artifices alambiqués d'une écriture tout en volutes le fait que de manière rectiligne il n-y avait pas grand chose à dire ni à voir.

freddyK
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le 12 nov. 2022

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