Le cycle de la vie façon Bambi

Bambi (1942) est le cinquième classique d'animation Disney, et le dernier film du premier âge d'or du studio. Non pas parce qu'il fut un échec au box-office, mais parce qu'au moment où il sort, le contexte international complique la distribution du long-métrage en dehors des États-Unis.

En effet, on est à ce moment en plein dans la Seconde Guerre mondiale, et ce conflit avait déjà impacté de manière significative les recettes attendues de ses prédécesseurs. Seul Blanche-Neige et les Sept Nains, sorti avant la guerre, avait fait un carton à l'internationale. Et à cette époque, c'est surtout en Europe que ça compte.

Mais revenons à nos moutons. Comme Dumbo, Bambi est tiré de l'adaptation d'un roman, celui de Felix Salten (Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois). Plus jeune, ce dessin animé ne m'avait vraiment pas marqué, au point que je n'en conservais que de vagues souvenirs. Et le revoir ne m'a pas fait changer d'avis.

Commençons par les points forts du film. Toute l'histoire se déroule dans la forêt, et on assiste vraiment à une sorte de spectacle forestier pendant plus d'une heure. Que de vie, de mouvements dans ces bois ! Le boulot des animateurs est de très grande qualité, tout bouge à l'écran à chaque instant. La forêt se métamorphose sans cesse au gré du temps, du cycle jour/nuit ou des saisons. À cet égard, le travail sur la colorisation est remarquable. Les animaux sont aussi très bien faits.

C'est quand on en vient au fond du sujet que le bât blesse. Bambi n'est pas mauvais en soi, il est juste... terriblement vide. Les réalisateurs ont voulu faire un long-métrage d'animation assez proche de Dumbo dans l'esprit : une histoire simple et touchante. Simple, elle l'est. Touchante, je ne trouve pas.

Le dessin animé raconte la vie et les apprentissages de Bambi, de sa naissance à l'âge adulte. Le problème, c'est que ça manque de dynamisme, le récit est assez plat pendant une bonne moitié du film. Puis arrive l'évènement tragique...

... traité un peu maladroitement. L'idée du voile de neige qui brouille l'écran était très bonne, l'apparition du père contestable, la transition avec le printemps et les oiseaux qui chantent clairement malavisée. S'ensuivent une partie batifolages sans intérêt et un dernier quart d'heure avec un peu d'action, avant une fin qui boucle la boucle.

Pour que le film soit marquant, il faut qu'on soit touché par les personnages. Or, là, ce n'est pas du tout le cas. Bambi n'a aucune personnalité, le hibou est une très mauvaise idée puisqu'il fait peur, Panpan est énervant, et le père... sans commentaire. Il ne dit à son fils qu'il est son pôpa que lors du décès de la maman ! Le tout m'a laissé de marbre.

Le film est souvent accusé de naïveté. C'est sans doute exagéré, mais il y a un fond de vérité. Regardez les animaux de la forêt... pas un seul carnivore ! Comme si un renard, c'était forcément méchant. Heureusement qu'il y a Les Animaux du Bois de Quat'sous tient.

Bambi ne possède pas les qualités de ses prédécesseurs : il n'y a pas de traits d'humour comme dans Blanche-Neige et les Sept Nains, le scénario est vide contrairement à Pinocchio, et par rapport à Dumbo... alors là, la comparaison n'est même pas possible ! Personnages pas attachants, pas d'émotion, pas d'enjeux, pas de moral ou de leçon à tirer de l'histoire, pas d'évolution, rien de rien. Juste le cycle de la vie ancré dans la réalité.

Au fait, le cinéma, c'est fait pour rêver, non ? A fortiori quand le film s'adresse aux enfants.
Bambi, ça pourrait très bien être un documentaire.