Je remonte Bambi de deux points, à l'époque ma note était honteuse. Je ne sais pas pourquoi j'avais mis 7, et je ne sais pas pourquoi il a une moyenne si faible sur SensCritique. Car même en tant qu'adulte, ce Bambi reste un ovni chez Disney et une véritable aventure sensorielle. Là où Blanche-Neige cultivait surtout l'art de mettre des sons sur une nature prépondérante et toute-puissante, Bambi insuffle une âme dans chacune de ses images grâce à tous les ressentis possibles et imaginables. Brillant.


Il y a deux petits points qui m'empêchent de mettre 10. Le premier, c'est le manque d'enjeux par rapport à un autre Disney culte, et c'est une hérésie parce qu'à l'époque il n'existait pas, Le Roi Lion. Ils ont en commun les thèmes de l'amour, la prise de conscience, de responsabilités, le passage de l'état d'innocence à celui de l'adulte, le rôle de la fratrie/famille. Moins celui de la question de l'homme, véritable apothéose dans Bambi (mais totalement inexistante à l'écran) comme dans Pocahontas ou Tarzan. J'ai trouvé Bambi un peu en-dessous dans ses attraits scénaristiques, ne jouant quasiment que sur les chasseurs (par deux fois) pour orchestrer les rebondissements : ça reste légèrement décevant tant le reste force l'admiration . C'est, ceci dit, aussi l'une des forces de Bambi, pour être tout à fait honnête, que de privilégier l'émotion pure à l'histoire.


Car dans Bambi, les dessins sont fabuleux. Il y a quelque chose d'encore plus fabuleux que les images en elles-mêmes qui passent devant nos yeux, ce sont les couleurs. L'immensité de nuances de vert, bleu, rouge, utilisées en plus à des moments clés du film, confine au génie total et aux plus beaux tableaux que l'on pourrait observer dans sa modeste vie. Bambi est une toile vivante où chaque brin de couleur symbolise un espoir, un doute, une peur, une chimère. La façon dont les couleurs vivent entre elles, la façon dont les ombres sur les cerfs se reflètent à nos yeux, la façon dont la forêt est pensée, imaginée, animée, rythmée, était la plus belle des manières pour Disney de nous parler d'un déchirement dont il ne reste que du courage, celui du jeune Bambi apprenant la vie et toutes les difficultés que cela comprend dans un cadre qui évolue à ses côtés.


Le deuxième point qui m'empêche de mettre 10, nettement plus anecdotique, est le manque de chansons qui conféreraient aux dessins une stature encore plus grandiose, encore plus somptueuse dans sa mise en scène. Peu importe, car au final il en reste un chef d'oeuvre intemporel des studios Disney, où les scènes d'une terreur impitoyable se mêlent aux moments de vie les plus délicats et doux, avec toujours cette petite lueur d'existence et cette touche d'humour propre à cet univers qui me parlera jusqu'à la fin. Que j'aime ces anciens Disney, follement.


Alors évidemment, je regarde aujourd'hui à nouveau mon Bambi avec les yeux de l'amour, je m'attendris une nouvelle fois devant mes compagnons de route. Devant Panpan et ses coups de pattes, son cours de patinage et les grandes cannes de Bambi. Bien sûr, je repense à Fleur et ses poses, toujours maniéré, à Féline et ses grands yeux de biche, si joueuse lorsqu'elle était enfant, et désormais si terrifiée de voir Bambi en danger. Mais comment ne pas tous les regarder avec les yeux de l'amour, tant Disney m'a protégé du monde des adultes lorsque j'étais enfant ? Sans jamais le répudier, toujours en tentant de faire la transition entre nos deux univers, entre le rêve et la réalité. Il y a des valeurs, certes bienveillantes au possible, qui forgent et qui rendent le monde meilleur qu'il ne l'est. Parfois, on a juste besoin de ça quand on est gosse comme quand on est grand, l'illusion, la protection, la sécurité.


Pour ne pas partir sur une note positive, voici deux citations à quelques dizaines de secondes d'intervalle, qui je l'espère vous ruineront le moral :


- Gagné ! On est sauvés maman !


[Quelques secondes plus tard, alors qu'il cherche sa mère dans une neige épaisse et aveuglante, accablant la forêt de "mamans ??" déchirants, son père apparaît et lui annonce la nouvelle. La mélodie est sobre, onirique, mystique.]


- Ta mère ne pourra plus jamais être près de toi.

EvyNadler

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