Bagdad Café par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Un couple bavarois voyageant en voiture dans le désert du Nouveau Mexique tombe en panne de carburant. Le couple se chamaille et l'épouse, Jasmin, part à pieds dans ce désert indigeste vêtue d'un ensemble strict en loden et d'un chapeau à plumes, avec pour tout bagage une valise. Epuisée et assoiffée, elle débarque au " Bagdad Café ", établissement sommaire, sale et sans clientèle, tenu par une famille en conflit permanent. Brenda, la patronne, tente de surnager dans ce marasme entourée de proches, fainéants et fatalistes. Jasmin qui y reçoit un accueil pour le moins difficile va finir par apprivoiser Brenda, sympathiser avec le seul client Rudi Cox, un artiste peintre au style aventurier. Jasmin va s'impliquer dans la gestion de la pauvre gargote et créer un établissement à la mode avec des attractions. Bagdad Café va alors faire fureur avec la clientèle des routiers, et l'ambiance sera à son comble. Malheureusement la loi n'est pas des plus souples et Jasmin sera contrainte de quitter le territoire malgré la réussite de son entreprise et sa bonne adaptation .Mais sa détermination l'emportera....


Qui aurait pu croire que ce film intimiste à souhait obtiendrait un tel succès ? Pas grand monde en vérité! Et pourtant Percy Adlon s'est transformé en magicien pour nous produire un tel chef-d'oeuvre. Le propos est pourtant d'une grande simplicité: d'un côté Brenda, patronne de cet établissement sale et sinistre où seul un client Budi Cox , peintre quelque peu déjanté, semble être posé là comme un meuble, saisi par la torpeur ambiante. Brenda est pauvre, désespérée et délaissée par un mari désinvolte et fataliste. Dans ce lieu de misère où seules les disputes de Brenda avec sa petite famille créent l'animation, arrive par hasard Jasmin, femme étrangère et à l'allure citadine. Ce genre de personne ne convient pas à Brenda, laquelle ressent une certaine méfiance et beaucoup de jalousie envers sa nouvelle cliente, représentante du monde des nantis. Pourtant, par petites touches successives les deux femmes vont finir par s'apprivoiser et se compléter pour la plus grande gloire du Bagdad Café. Jasmin se découvrira deux passions dans ce désert, Rudi Cox, le peintre excentrique et la renaissance de cet établissement devenu le rendez-vous incontournable des routiers. Brenda,quant à elle,retrouvera l'espoir,l'enthousiasme et l'envie d'entreprendre.


C'est ainsi que ce film célèbre le mariage avec succès de deux mondes opposés qui avaient pourtant toutes les chances de se haïr. Le jeu des acteurs est époustouflant avec la sobriété de Marianne Sägebrecht,l' impulsivité de CCH Pounder,le calme et la tendresse de Jack Palance.L'atmosphère ambiante est décrite avec une extrême précision où se mêle le drame, la nostalgie mais aussi la joie et l'humour. Il ne faut surtout pas oublier de citer un élément déterminant dans ce film et qui contribue à en faire sa popularité: la fabuleuse musique de Bob Telson avec notamment la fameuse chanson "I'm calling you ".


N'hésitez pas à venir faire un tour dans ce minable estaminet en plein désert et en pleine poussière car, malgré les apparences, il vous réserve un excellent moment de cinéma.


Ce film a obtenu le César du meilleur film étranger en 1989

Grard-Rocher
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les très bons films., Cinéma : Entrez dans le monde de la comédie dramatique. et Les films à la meilleure photographie

Créée

le 15 juin 2013

Critique lue 3.1K fois

40 j'aime

10 commentaires

Critique lue 3.1K fois

40
10

D'autres avis sur Bagdad Café

Bagdad Café
Grard-Rocher
8

Critique de Bagdad Café par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Un couple bavarois voyageant en voiture dans le désert du Nouveau Mexique tombe en panne de carburant. Le couple se chamaille et l'épouse, Jasmin, part à pieds dans ce désert indigeste vêtue d'un...

40 j'aime

10

Bagdad Café
BrunePlatine
8

Le lait de la tendresse humaine

En ces temps pré-estivaux, il est parfois bon de se voir rappeler qu'on peut être belle, rayonnante, désirable et débordante de vie, sans toutefois réussir à passer une cuisse dans un slim en 36...

le 18 mai 2016

31 j'aime

12

Bagdad Café
Deleuze
7

Un claquement de doigts et la magie bavaroise opére

Au Bagdad café tout va mal. Situé dans l’Amérique profonde, l’Amérique de l’américain rustique et marginal, dans un désert aride et chaud, fouetté par le sable porté par le vent, il n’a rien du petit...

le 2 août 2013

30 j'aime

3

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

176 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

166 j'aime

35

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

153 j'aime

47