Stupid. Stupider. Are you fucking kidding me?

Bad Teacher est raté, mais par contrat professionnel et moral avec moi-même, je n'ai pas droit d'y mettre une mauvaise note.

Tout partait d'un bon sentiment. Traiter de l'enseignement sous forme de comédie, et non de drame incluant Michelle Pfeiffer ou Hillary Swank en blouson de cuir, c'est suffisamment rare pour être honoré. A croire que le "plus beau métier du monde" est bien trop peu sexy quand il ne se passe pas en quartier chaud (hum, c'est paaas complètement faux). La salle des profs, les corrections de copies, le chaperonnage des bals qui émaillent l'année scolaire américaine, les sorties de classe... voilà un programme rarement abordé au cinéma. Mais tout compte fait, il n'est qu'effleuré dans Bad Teacher.

Elizabeth Halsey est prof de lettres dans un collège vachement beauf du Midwest (quelques saillies bien placées, notamment sur l'avortement, suffisent à brosser efficacement le contexte). Elle n'a visiblement choisi cette carrière que pour passer le temps avant de trouver un époux sonnant et trébuchant. Alors-même que son métier doit l'ériger en role model pour la jeunesse qu'elle fréquente à longueur de journée, on nous propose une anti-héroïne égoïste, vénale, superficielle, amorale et je m'en foutiste.

Dans la liste des wet-dreams de prof que ce postulat de départ permet de réaliser:
- ne plus s'auto-censurer en corrigeant un paquet de copies (Stupid, stupider, are you fucking kidding me? - aaawww)
- pouvoir sans complexe planter ses mômes devant un film pour cuver paisiblement ses excès de rhum de la veille
- avoir les moyens de s'offrir un semi-remorque d'escarpins hors de prix (là, on entre dans le registre de la science fiction).

Seulement, c'est à peu près tout. Une bonne idée de départ ne suffit pas à porter un film quand le scénario est si cruellement maigre et que finalement, la paresse narrative trouve son accomplissement dans des gags lourds déjà vus dans un bon millier de comédies interchangeables du même acabit. D'une manière générale, le film parle plus de "bad" que de "teacher". Cameron Diaz est censée être aux antipodes de ce qu'on espère trouver chez un éducateur, sans doute dans le but de nous montrer qu'il n'y a pas vraiment de "role model" en ce bas monde, et que c'est sans doute mieux ainsi. Mais dans ce cas, quid de ce milieu enseignant super ringard, lénifiant, et has-beenos que l'héroïne abhorre tant? Beaucoup de pistes sont lancées, sans jamais être poursuivies, au profit de la storyline de très loin la plus nulle (la bonne prof/némésis qui en fait est une foldingo, puh-lease...).

- les autres profs gros, moches et à auréoles sous les bras? Oh, rien, ils servent juste de toile de fond pour le faux jeu de séduction Diaz/Timberlake (totalement en roue libre). En l'espèce, ils sont tellement caricaturaux qu'il est difficile d'y croire.
- Diaz décide de faire de vrais cours, montrant donc qu'elle en a la possibilité, à défaut d'en avoir l'envie? Oh, on va pas non plus en faire une storyline, autant générer un retournement de situation lourdingue sonnant faux au possible.
- Diaz, a une mentalité de lycéenne, ce qui lui permet une bien meilleure compréhension des relations entre élèves? Tout au plus, ça en fera une scène (sans doute une des toutes meilleures du film). Mais donc, à quoi ça sert de faire un film sur une "mauvaise" prof, nom d'un chien??? - je veux dire, souvent, le principe de narration implique d'aller d'un point A à un point B et que le personnage ait une motivation C (et par motivation, j'entends quelque chose de plus consistant que s'acheter de nouveaux nichons, de grâce)
- notons tout de même que, comme souvent dans ce genre de comédies, Jason Segel hérite du personnage le plus juste et des scènes les mieux vues (notamment un formidable échange sur les requins avec Justin Timberlake)

Bref, beaucoup de subplots pas trop développés, qui laissent une impression bien foutraque et mal-maîtrisée de cette comédie. Il aurait pourtant été tellement intéressant que les scénaristes accordent autant d'importance au milieu "faculty" qu'aux cabotinages de Cameron Diaz (OH VAZY TROP BIEN LAVER LES VOITURES EN TENUE SEXY!!! - mon. dieu.). Finalement, on a une comédie grivoise et sympathique, réservant quelques bons moments, mais faute d'ossature un peu solide, on s'ennuie ferme et les principaux gags font à peine sourire.
VirginiA
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le 1 août 2011

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VirginiA

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