Dans la lignée de son très beau Oslo 31 août, Joachim Trier ne se départit pas d’un esthétisme très sûr pour son premier film en langue anglaise. Il livre un drame familial à la poésie aérienne, et offre une lecture touchante des interactions entre un père et ses deux fils après le décès de leur mère, photographe de guerre, et la façon dont chacun gère le deuil.
La structure éclatée du récit, rythmé par des flashbacks et des apartés oniriques, rend son expression vivante et stimulante. Elle crée des voiles sombres autour de la fratrie que le réalisateur lèvera au fur et à mesure, révélant une violence sourde et un mal être prégnant, hanté par le fantôme de la figure matriarcale, formidablement (des)incarné par Isabelle Huppert.
Back Home n’est cependant pas exempt de défauts. Certains arcs narratifs sont moins aboutis, notamment celui concernant Jonah (Jesse Eisenberg), plus artificiel. Le film n’évite pas non plus quelques longueurs. Mais c’est très beau et baigne dans une jolie mélancolie. La mise en scène de Trier est à ce titre sophistiquée mais élégante, faisant preuve du belle maîtrise et d’une exploitation intelligente de l’imagerie de reportage de guerre.
Sans se renier, le réalisateur norvégien s’adapte au cinéma indépendant américain avec aisance, appliquant son style très travaillé à une émouvante chronique familiale marquée du lourd poids de l’absence et des non-dits.