Où est la magie d'Oslo, 31 août ?

Voilà un film qui hésite sur ton titre. Ce n'est pas bon signe.


Louder than bombs à Cannes, assorti à une drôle d'affiche de personnes faisant du trampoline : le marketing du nouveau film de Joachim Trier ne m'avait pas convaincu sur la Croisette.


Transformé désormais en Back home avec une affiche beaucoup plus consensuelle (Isabelle Huppert y est bien visible), le film ne m'enthousiasme pas plus.


A vrai dire, c'est un calvaire pour moi d'écrire du mal d'un film dont j'attendais un éblouissement intégral. Je résume : l'opus précédent de Trier, Oslo, 31 août, est un film merveilleux, un des chef d'oeuvre du XXIème siècle. Je me présente à Cannes, le 18 mai 2015, le coeur tout ébouriffé d'une émotion prête à éclore, et je vois, je vois... un pensum d'une grande complexité, mêlant toutes sortes de thématiques fort différentes, mais n'atteignant à aucun moment ni la perfection plastique, ni l'émotion irréfragable, que procurait Oslo.


Certes la mise en scène est toujours élégante, mais elle ne parvient à aucun moment à me faire entrer dans le film. Gabriel Byrne adopte comme à son habitude l'expressivité de l'huitre en fin de vie. Isabelle Huppert semble à côté de son rôle, à moins que son rôle soit d'être "à côté", mais dans les deux cas, ce n'est guère passionant.


Le film regorge de thématiques dont une seule aurait suffi à faire tout un film : blues du jeune père, émois adolescents, révélation tardive d'adultère... De cette accumulation étouffante de pathos résulte un sentiment de trop-plein : on a envie de supplier Joachim Trier de retrouver cette distinction superbe d'Oslo.


Trop sage, trop désireux d'être parfait, Back home laisse son scénario gargantuesque étouffer les talents de son réalisateur. Dommage.

Christoblog
4
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le 10 déc. 2015

Critique lue 333 fois

Christoblog

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