Joachim Trier s'était révélé à un plus large public avec son touchant mais très sombre Oslo, 31 août. Le bonhomme ne quitte pas la thématique du drame en s'attardant non plus à un seul personnage, mais à une famille totalement déchirée par la disparition de la mère.
Cette dernière, jouée par Isabelle Huppert, disparaît à la suite d'un tragique accident de voiture. Du moins le croit-on. Les premières façades tombent avec la révélation d'un probable suicide. C'est l'histoire d'un père qui ne sait pas comment annoncer à son cadet que sa mère est morte par sa propre volonté. C'est celle d'un père qui ne sait de toute façon pas comment communiquer à son garçon au point même de s'inscrire à un jeu vidéo pour pouvoir l'approcher sans parvenir à nouer le contact puisque son fils le massacre avant même d'avoir eu l'occasion de chatter.
C'est aussi l'aîné, qui est là pour nettoyer le lourd héritage de la mère alors que celui-ci ne parvient pas assumer sa famille et la personne qu'il est actuellement. Il découvre en son jeune frère finalement quelqu'un avec plus de confiance qu'il n'en a lui-même, lui conseillant de s'effacer pendant ses années de lycée et d'exister par la suite.
C'est donc par le cadet que l'espoir peut arriver. Parvenant à se confier, à écrire, il est celui par qui la communication et le dialogue va petit à petit reprendre. De manière directe ou non, quand il est le sujet de discussion du grand frère et du père.
Toute en sobriété, la réalisation de Trier permet pourtant de faire tomber les faux-semblants et les impressions le cinéaste donne à penser au début du film. Les séquences d'un jeune garçon que l'on croit affecté par la perte de la mère quand il cherche seulement à tromper un père qui l'espionne.
Ca n'en reste pas moins une famille brisée, avec un final qui laisse pourtant place à plus d'espoir que n'en recelait Oslo, 31 août. Mais le film m'a légèrement moins touché que celui que je viens de citer. Ca n'en reste pas moins une belle confirmation de la part de ce cinéaste.