Damien Chazelle fait des films formidables, et systématiquement il se chie dessus dans la dernière ligne droite, à deux mètres de la ligne d'arrivée. Il y a toujours un truc qui coince, ou qui vient ruiner les efforts valeureux du film. Mais quand au bout de trois heures de ce que je considère comme son meilleur opus, l'épilogue arrive, et j'ai eu le temps d'oublier ce travers. Alors ce fameux truc qui coince, je ne l'ai vraiment pas vu venir...
À travers ses croisements de personnages passionnés et meurtris, Babylon entend montrer qu'il n’y a pas de « grandeur et décadence » à Hollywood, que la décadence était là depuis toujours et qu’on a cherché à la cacher discrètement sous le tapis, pour faire plaisir à des ligues de vertus et aux riches financiers. Que les stars sont interchangeables qu’il n’y a pas de feu-sacré qui tienne : on peut mourir sur un film, ça n’émeut personne…
Un constat aussi tabou qu'il est formidable dans la démesure de sa mise-en-image.
Et là dessus, épilogue : vingt ans après les événements, Manny va voir Chantons sous la Pluie et il se met à se dire que OUI, le cinéma est important et qu’il transcende les ages, dans une sorte de délire éthylique où on voit des tas de films importants de l'histoire du cinéma, y compris des films qui n'ont rien à voir avec Hollywood... Déjà on s’en fout, c’etait jamais la question, la pérennité : on parle de ceux qui ont bâti et modelé l’industrie hollywoodienne, pas de l’Art avec un grand A.
Donc quand je vois des morceaux du Chien Andalou, ou Persona de Bergman, bah c’est complètement à côté de la plaque, mec ! Tu mélanges torchons et serviettes comme si tout se valait, du simple fait que c’était projeté sur un écran devant un public… MAIS NON ! Et pour finir Damien enfonce le clou en mettant sur un pied d’égalité 2001 : l'odyssée de l'espace, Avatar et cette saloperie de Matrix, non mais ça va pas ?!
J'ai beaucoup aimé le film, et il nous pond ça comme épilogue...
En même temps il avait prévenu : son film a débuté par une avalanche de merde d’éléphant...