Symptôme d'un certain cinéma hollywoodien qui n'a plus rien à dire, Babylon accumule.
Accumule les références, au point de ne porter aucune originalité. Un peu de Chantons sous la pluie et un zeste de The Artist pour la trame scénaristique, un bonne louche de Luhrmann (le côté orgiaque de Gatsby ou de Moulin Rouge), une pointe de Tarantino pour l'hémoglobine et le côté outrancier (fuck yeah!).
Accumule les effets musicaux préparés par l'inséparable Hurwitz, qui nappe maladroitement l'intégralité des scènes d'une soupe indigeste de jazz et de mélodies pompées par-ci par-là ; accumule les effets visuels ratés (encore un symptôme d'un certain cinéma en crise artistique).
Accumule les problèmes du cinéma que le film entend dénoncer : les dégats collatéraux du star system, le racisme ordinaire à Hollywood, le mépris de classe, etc. Mais le propos est trop confus pour traiter un de ces thèmes correctement, et surtout le jeu convenu des Pitt et Robbie empêche toute prise au sérieux de ces enjeux.
Les afficionados diront certainement : "tellement actuel" ; mais c'est certainement une certaine mythologie, une certaine historiographie, que tente de nous imposer l'industrie culturelle états-unienne. Un monde où le processus créatif est indissociable de l'accumulation capitalistique, qui s’accommode bien de quelques excès éthyliques.
Dès que Chazelle place son propos en dehors de la musique, le mièvre et le plagiat (déguisé en référence ou en clin d'oeil) prennent la place. Qu'il trouve son inspiration ailleurs que dans les hommages avant de revenir derrière la caméra. A moins qu'Hollywood et son goût insupportable pour l'accumulation - à l'instar du montage psychédélique de fin - l'en empêche.