Je ne vais pas raconter d'histoires, étant donné le passif entre Damien et moi je ne me suis pas rendu à cette projection en sifflotant d'allégresse. Et donc voici qu'en guise de réconciliation le gars m'accueille avec un anus d'éléphant. Autant dire qu'on était partis sur des bases solides.
Mais la suite m'a rassuré, à part une petite bouteille dans les fesses, du bon gros vomi dans la poire, un immense plouf d'étron tombant dans la cuvette en réponse à « Vous croyez vraiment que les gens veulent des films sonores ? ». Je n'allais quand même pas lui répondre "Beaucoup de bruit pour rien", ou qu'il était "Sans filtre". D'une part parce qu'on était là pour se rabibocher, et puis d'autre part parce que Shakespeare c'est trop vulgaire pour Damien, lui préfère glisser le nom de Proust, ceux de Bergman, Godard ou Buñuel dans un blind test. Parce que ouais Damien il est comme ça, modeste, ce qui se voit bien quand il attend 30 minutes pour afficher le titre de son film à l'écran, juste après une ouverture où il n'en fait jamais trop, où à côté Baz Luhrmann c'est Bresson.
Mais passé cette première scène ça s'est bien arrangé, il y est allé doucement sur les travellings, aucune frénésie ni fanfaronnade, ça ne s'agite pas ça chuchote, rien d'appuyé, pas plus de caméra faisant de grands mouvements pour montrer à quel point je suis un génie. On ne se prend pas non plus pour Scorsese, Tarantino ou Gaspar Noé, c'est pas le genre de la maison, et puis à quoi bon s'abaisser à faire à la manière de alors qu'on est Damien Chazelle, qu'on a renvoyé depuis longtemps tous ces has-been aux oubliettes de l'histoire et qu'on a plus de 2 000 personnes qui ont mis un ❤️ sur vous sur SC ?
L'histoire du cinéma justement il la respecte bien, de toute façon il fait ce qu'il veut puisque c'est du cinéma. Alors les anachronismes, le message bien clair entre regarde mon usine à rêves, mon "Cinema Paradiso", et c'était l'orgie et le caca, tout ça ça passe, c'est la liberté du créateur, de l'artiste. C'est du cinéma dans du cinéma j'vous dis, c'est trop fun.
Donc voilà je ne regrette pas une seconde d'être allé voir "Babylon", et surtout je présente toutes mes excuses à Damien d'avoir parfois osé mettre en doute son talent. Alors bien sûr, les frustrés, les jaloux, ceux qui aiment être à contre-courant de l'opinion générale vont certainement encore l'attaquer cette fois, oser dire qu'il est fasciné par ce qu'il dénonce, que ces 189 minutes - Retour de la modestie - sont globalement vulgaires et indigestes. Non mais franchement, pourquoi pas parler de vide et de poudre aux yeux tant que vous y êtes ?
Bon ben je vais peut-être attendre demain pour donner mon avis sur "TÁR" de Todd Field parce que rendre gloire à deux grands films, deux réalisateurs modestes le même jour ça pourrait passer pour de la flagornerie.