Film tant attendu de cette phase 2 de Marvel/Disney, Avengers : l’Ère d’Ultron s’annonçait dès sa mise en chantier comme le blockbuster pouvant concurrencer sans mal avec Star Wars : le Réveil de la Force en cette année 2015. D’autant plus qu’avec cette période de transition qui s’est étendue sur deux ans, le studio a su nous livrer des suites bien supérieures aux premiers opus (Iron Man 3, Thor : le Monde des Ténèbres, Captain America : le Soldat de l’Hiver), voire même une énorme surprise pourtant annoncée à l’époque comme un éventuel flop commercial (Les Gardiens de la Galaxie). Oui, cet Avengers 2 avait toute les chances de son côté pour se présenter comme le long-métrage ultime de cette franchise (pour patienter jusqu’à la phase 3). Malheureusement, sans aucune explication concrète, le réalisateur Joss Whedon s’est, disons-le d’office, totalement vautré !


Mais avant de commencer, il faut se poser la question suivante : qu’est-ce que qui faisait exactement le charme d’Avengers premier du nom ? Tout simplement son côté bourrin ultra décompressé ne se prenant jamais au sérieux, son titre de festival d’effets visuels et de séquences d’action d’une ampleur démesurée et un scénario qui, malgré un manque de finesse d’écriture certain, savait passer d’un personnage à un autre tout en les gardant sur un même pied d’égalité, le tout avec humour et sans leur faire perdre leur caractéristique propre. Bref, un impressionnant et inoubliable blockbuster qui en mettait littéralement plein la vue, ne faisant aucunement regretter l’achat de sa place de cinéma (ni du DVD/Blu-ray). Avec sa suite, nous nous attendions forcément à la même chose tout en mettant les bouchées doubles sans pour autant oublier de faire évoluer la saga vers quelque chose de plus mature (vu la direction que semble vouloir prendre les autres films de Marvel/Disney). Dès les premières minutes de cette Ère d’Ultron, le long-métrage comble les attentes en démarrant directement par une séquence d’action qui n’a pas à rougir à celles du premier opus. Visuellement irréprochable (les effets spéciaux sont dans la moyenne de ce qui se fait actuellement), cette scène nous replonge illico dans cette orgie de corps-à-corps gargantuesques et de cascades orgasmiques sans aucune difficulté, reprenant cette mise en scène qui switcher entre chaque Avengers. Puis, le film enchaîne avec des moments plus intimes et sombres, comme le laissaient entendre les nombreuses bandes-annonces, preuves d’une maturité acquise par la franchise au fil des longs-métrages. Jusque-là, Avengers 2 est le divertissement que beaucoup ont tant fantasmé. Mais très vite, l’ensemble va dévoiler ses nombreux défauts qui l’empêchent d’atteindre les qualités évidentes du tout premier film et même des autres épisodes de la franchise.


Des ombres au tableau qui se remarquent dès le début d’Avengers 2 et ce malgré sa séquence d’action d’entrée de jeu. Le premier responsable à cette frustration : le montage. Alors que l’opus précédent se montrait d’une fluidité exemplaire, enchaînant sans mal les plans héroïques et les protagonistes en plein combat, l’Ère d’Ultron affiche des problèmes de rythme monumentaux se traduisant par des scènes, qu’elles soient émouvantes ou bien mouvementées, bizarrement ciselées, donnant l’impression d’être coupées au mauvais moment (avant qu’elles ne soient correctement terminées). Ou bien qui s’éternisent alors qu’il n’y avait pas besoin de perdre autant de temps à ces moments-là. Un aspect bancal qui s’ajoute à une mise en scène paresseuse de la part de Joss Whedon, ce dernier n’arrivant jamais à retrouver le souffle du premier film. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir le face-à-face entre Hulk et Iron Man, interminable et sans panache. Ainsi que la dernière partie du long-métrage, sur le papier bien plus spectaculaire que la bataille de New York, mais n’atteignant jamais l’épique et l’héroïsme de cette dernière. Résultat : nous avons un divertissement qui accumule les longueurs pour finalement aboutir sur des séquences d’action, encore une fois visuellement réussie (l’aspect de La Vision saura convaincre même les plus réticents) et qui met en scène des comédiens qui s’amusent encore de leur rôle respectif, mais n’arrivant plus à susciter le moindre enthousiasme, la moindre sensation forte.


L’autre cause responsable de cet effondrement sans nom : le scénario. Joss Whedon, avec cette Ère d’Ultron, nous avait promis un film plus mature, plus sombre. Qui maltraite l’intégralité de ses super-héros tout en les approfondissant bien plus que dans les films précédents. Le résultat est malheureusement bien loin des attentes, le script se présentant à nous comme un puzzle monté à la va-vite et auquel il manquerait bon nombre de pièces pour être complet. Un enchaînement invraisemblable de séquences qui passent souvent du coq à l’âne sans raison (comment les jumeaux retrouvent-ils Ultron, par exemple ?). Un méli-mélo ayant bien du mal à traiter convenablement une surdose de protagonistes, anciens et nouveaux, et ne parvenant pas à rendre certains intéressants (les jumeaux principalement, dont Vif-Argent, bien loin de la réussite vue dans X-Men : Days of Future Past) alors que d’autres semblent subir un traitement de faveur non mérité (Hawkeye, tout cela parce que Jeremy Renner s’était plaint de sa faible présence dans le premier volet). Une histoire qui se perd dans sa noirceur et sa simili-maturité pour finalement se prendre bizarrement au sérieux, rendant ainsi les répliques d’une niaiserie incommensurable, reléguant l’humour aux abonnés absents, ridiculisant certains passages clichés au possible et provoquant l’ennui à tout bout de champ. Un simple copié-collé de la structure narrative du premier volet qui annihile tout effet de surprise et dévoile une suite sans grande ambition. Bref, une trame qui reprend le classicisme du premier opus en moins bien, se révélant être d’une banalité affligeante et peu captivante, allant même jusqu’à user de l’univers Marvel de manière peu convaincante. Reprenant abusivement certaines séquences issues d’autres films (l’arrêt du métro dans Spider-Man 2). Faisant intervenir des personnages/comédiens sans raison et de manière inutile (le Dr. Selvig en tête). Ou annihilant même cet univers que sert pourtant le film, en éjectant des détails scénaristiques pourtant prometteur (le retour d’Hydra, le baron Strucker) ou en ajoutant d’autres qui apparaissent tels des cheveux dans la soupe (la romance entre Banner et Black Widow). Un produit sans queue ni tête qui se reflète dans l’antagoniste principal de l’aventure : Ultron !


De l’un des adversaires les plus mémorables des Avengers, noyau central du scénario et offrant son nom au titre du long-métrage, Joss Whedon fait d’Ultron l’un des méchants les plus pitoyables de la franchise. Pourtant, le personnage avait tout pour être « le plus intéressant du film » (comme le précisait le réalisateur), notamment avec son ambition, ses enjeux et ses origines. Sans oublier les thématiques propres à la créature de Frankenstein, sources d’inspiration à son écriture. Or, tout cela se retrouve finalement survolé pour ne servir de prétexte qu’au but ultime du protagoniste, à savoir – surprise ! – détruire le monde. Ainsi, au lieu d’avoir une grande menace, nous avons le droit à une énième version de Loki, à savoir une grande gueule vantant ses mérites mais se faisant facilement battre pas nos héros, le charisme, la prestance moins imposante de l’acteur James Spader (malgré son interprétation vocale) et la finesse d’écriture en moins tout en chantant du Pinocchio à l’unisson (servant plus de référence à Disney que de complexité attitrée au personnage). Une véritable coquille vide à l’image du film, un protagoniste incroyablement lisse et fade, bien loin de l’image diabolique et menaçante des comics. Avec toute la promotion faite autour de ce dernier, c’est tout simplement honteux d’en être arrivé à un tel constat !


Simple erreur de parcours ? Le film de trop qui montre que l’entreprise de Marvel/Disney initiée avec Iron Man trouve ici ses limites ? Il ne reste plus qu’à espérer que cela soit le premier cas, laissant ainsi de l’espoir en ce qui concerne les futurs projets de la franchise jusqu’à Avengers : Infinity War. Mais avant cela, il faudra patienter jusqu’à Ant-Man et voir si le dernier film de la phase 2 saura faire oublier ce blockbuster qui propose certes certains moments fort sympathiques (encore et toujours les effets visuels) mais se présentant au final comme un divertissement balourd, brouillon et pas vraiment intéressant pour un sou. Et, pour ma part, le plus mauvais long-métrage (à l’heure actuelle) de la franchise, ce dernier étant le seul à m’avoir pleinement ennuyé et ce même pendant les scènes d’action. Il m’aura juste fallu la séquence post-générique pour raviver mon attente des autres aventures de la saga car si je ne devais compter que sur cette suite, Marvel/Disney n’aurait plus espéré quoi que ce soit de moi pour aller voir ses autres projets.

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le 26 avr. 2015

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