La voilà, la fin inéluctable. Comment ne pas avoir d’attentes pour ce film, surtout lorsqu’on apprécie l’univers dont il est censé être le point culminant ? Avengers Endgame m’a fait le même effet que beaucoup de films du MCU : je suis sortie de la salle transportée, émerveillée, comblée, et après un moment j’ai tout de même trouvé quelques défauts au film, juste de quoi me refroidir un peu. Sauf qu’ici, après avoir débusqué ces petites faiblesses, j’ai reconnu qu’Endgame était éblouissant, en dépit de tout cela.


Ce que vous vous apprêtez à lire est davantage un avis qu’une critique ou une analyse. Je ne me gênerais pas pour faire preuve de subjectivité, tant dans mes commentaires que dans ma note. Les reproches que j’adresserai au film peuvent paraître parfois injustifiés car beaucoup sont directement liés aux attentes que j’avais et à la satisfaction (ou à la déception selon les cas) de voir ces attentes se concrétiser. Au niveau des spoilers, il y en aura, et par souci de mise en page et d’esthétique j’ai choisi de ne pas les griser. Je considère qu’on ne doit en aucun cas lire une critique ou un quelconque article concernant Endgame avant d’avoir vu le film. A bon entendeur.



Un panel de personnages richissime



Là où Infinity War s’attachait à présenter l’évolution d’un maximum de personnages, Endgame adopte une autre démarche du fait des récents événements survenus dans l’univers Marvel. La disparition de près de la moitié des héros que nous connaissions a mené à une sélection des personnages. Les survivants sont mis à l’honneur dans cet opus et certains d’entre eux tiennent un rôle absolument central après leur absence d’Infinity War (Hawkeye ou Ant Man par exemple). Thanos, antagoniste autour duquel s’articulait l’opus précédent, est ici relégué au second plan pour n'apparaître qu’à quelques reprises : son idéal et la révolution qu’il a provoquée sont néanmoins omniprésents et sèment le doute dans l’esprit de certains protagonistes. J’ai admiré les motivations du Titan, j’ai salué l’accomplissement de ses paroles, je déplore quelque peu l’opposition trop unanime des personnages à cette décision. Une hésitation point chez Tony qui, pendant un instant, tendrait presque à donner raison au tyran qui a rétabli l’équilibre. Mais ce balancement est trop ténu pour toucher, les bienfaits de ce génocide aléatoire sont à peine mentionnés (mais pourtant bien présents) et les scénaristes écartent rapidement l’éventualité d’un conflit à ce sujet. Ça ne manque pas nécessairement au film, mais ça aurait été une piste intéressante à explorer, car ce désaccord renvoie à des problèmes planétaires réels.


Après le fatal claquement de doigts de Thanos, l’univers Marvel est en deuil. Durant la première partie du film, c’est ce cheminement des personnages que les scénaristes s’appliquent à dépeindre. Cinq ans après leur défaite, les membres des Avengers ont chacun leur manière de combler le manque qu’ils ressentent. Certains, comme Captain America ou Black Widow, continuent à tenter de protéger les innocents, avec cependant des remords persistants et une détermination plus ou moins dissimulée à défaire ce que Thanos a scellé. Pour d’autres, c’est une reconstruction et un changement radical de mode de vie (Tony et sa famille sont vraiment touchants) ou une haine violente et irrépressible envers le monde (Barton est peut-être le personnage le mieux développé de cet opus). C’est enfin une déchéance sans nom pour le Dieu du Tonnerre, et j’émets quelques réserves sur ce personnage car je ne pense pas que montrer sa chute et sa décadence implique forcément de le ridiculiser et de faire de lui l’aspect comique (raté) du film. Mis à part ça, j’ai été agréablement surprise par l’effort de développer chaque personnage différemment et de montrer les contrastes entre leur manière d’affronter ce deuil.


Je pose là un petit regret purement subjectif : celui que Carol Danvers n’ait pas été davantage présente et utile à l’intrigue. J’affectionne le personnage et j’ai trouvé ses apparitions trop rares bien que réussies. Parmi d’autres interventions peu nombreuses mais non moins frappantes, on peut citer celles de Thanos et de Doctor Strange. Les scènes qui les concernent parviennent à retranscrire en quelques images le style de chaque personnage, ce qui explique qu’on ne ressente pas vraiment de manque. Les personnages sont donc dans l’ensemble très bien gérés et desservis par un casting qui les honore très largement.



Un mélange des registres surprenant



Infinity War et Endgame divergent également de par leur scénario. Beaucoup avaient comparé Avengers 3 à un film choral où plusieurs groupes de personnages quasi-indépendants œuvraient dans un but commun à savoir la protection des pierres. Le film conservait donc une seule intrigue globale et le résultat était celui d’une oeuvre à l’atmosphère homogène. Pour le tout dernier opus de la saga, on observe un retour à un format plus classique. L’intrigue s’articule autour de trois grands axes : tout d’abord l’introduction et la réprobation vis-à-vis du destin qui est imposé aux héros, ensuite la quête des pierres et enfin le final avec la bataille et l’épilogue. Entre ces trois parties qu’on distingue sans peine, le ton adopté varie du tout au tout ce qui peut parfois gêner le spectateur.


Dans la première partie, c’est davantage un registre émotionnel lié au deuil que j’ai mentionné plus haut qui est utilisé (si on omet les scènes avec Thor, parfois trop décalées justement). Dans la deuxième partie, le ton est beaucoup plus léger dans la plupart des scènes, et c’est peut-être ça qui m’a le plus dérangée. Ce passage dénote un peu et l’humour est parfois déplacé dans cet opus que j’imaginais au moins aussi grave que son prédécesseur. Le final se montre enfin à la hauteur d’Infinity War : la bataille est impressionnante en tous points mais c’est surtout la masse de personnages présents et en action qui a de quoi émerveiller le spectateur. Quelques scènes épiques ne manquent pas de faire éclater des applaudissements dans une salle rendue dithyrambique par l’ampleur des effets spéciaux et du combat qui se déroule sous ses yeux. Dans cette dernière partie l’atmosphère est beaucoup plus solennelle ce qui permet de ressentir l’étendue des enjeux du film, ce que les deux premières heures ne valorisaient pas forcément. Vous l’aurez compris, l’intensité d’Avengers 4 est très inégale selon les moments du film, ce qui peut être perçu comme un défaut ou comme un avantage selon les avis.


Un petit mot sur le voyage dans le temps : les frères Russo avaient conscience que cette alternative les exposait à deux types de risques. Tout d’abord, les spectateurs pouvaient facilement voir cette solution comme la manière facile de défaire le nœud auquel sont exposés les personnages. De ce côté-là, les réalisateurs s’en sortent plutôt bien car le subterfuge est assez habilement présenté pour qu’on se laisse porter par lui malgré son aspect prévisible. Le deuxième danger qui les menaçait était celui des incohérences qui vont souvent de pair avec les intrigues ayant recours à des paradoxes spatio-temporels. Les Russo l’ont compris de leurs aînés : dans ce cas, la meilleure option est de laisser le spectateur quelque peu dans le flou. Si on se lance dans de grandes explications sur ce thème, les incohérences se démultiplieront et deviendront d’autant moins discrètes. Nous comprenons combien il est difficile de mener ce genre d’intrigue et nous pardonnerons donc les faux-raccords spatio-temporels en ne les cherchant pas. Nous saluerons à la place le travail des scénaristes sur ce film car malgré des petits défauts, l’intrigue est dans l’ensemble suffisamment accrocheuse pour nous tenir en haleine trois heures durant.



The Endgame



Dix ans et vingt-deux films, c’est une grande œuvre. Le MCU est une bâtisse de la pop culture, en dépit de tous les reproches qu’on pourrait lui adresser. Il est ancré dans le cœur de ses fans et dans les références culturelles de tous, c’est indéniable.


Endgame avait à la fois la chance et le lourd tribut de conclure cette saga née il y a onze ans avec Iron Man. Tâche ardue que de satisfaire des fans, d’être à la hauteur des attentes monumentales semées en partie par Infinity War dont la qualité n’est plus à discuter. Le défi est-il relevé ?


Avant de répondre à cette question, il est important d’être clair sur ce que les frères Russo avaient à leur disposition pour mener à bien ce projet. Récapitulons donc : dix ans et plusieurs dizaines de personnages, tous présentés aux spectateurs et tous connus d’eux, dans les moindres détails de leur existence pour certains. En ayant en main des personnages qui ont été préalablement développés et auxquels le public est attaché depuis un bout de temps, les réalisateurs avaient le pouvoir de tirer facilement de l’émotion aux fans de la saga en coupant simplement le fil de vie d’un ou de plusieurs personnages iconiques. Ils l’ont fait. Ils avaient la possibilité, en fournissant un travail important sur la mise en scène, de toucher non seulement les adeptes mais tous les spectateurs par le décès de certains personnages. Ils ne l’ont pas fait alors qu’ils avaient déjà procédé à cet exercice avec grand succès dans Infinity War avec la mort de Gamora. Cette scène, d’une intensité sans précédent peut-être dans le MCU, laissait penser que les départs d’Endgame seraient aussi soignés voire plus. Pourtant il n’en est rien : Endgame manque de plans iconiques et mémorables, de scènes belles et marquantes, tant dans les instants d’émotion que dans les moments épiques. Nous, spectateurs ne savons que trop bien qu’une belle image dégage parfois cent fois plus d’émotion que quelques mots. Dommage qu’Endgame n’use pas davantage de cette faiblesse. Il reste spectaculaire dans sa dernière heure, absolument éblouissant dans certaines scènes jubilatoires desservant nos cœurs d’adeptes.


Endgame reste un rassemblement émouvant de tous les personnages et de tous les registres du MCU. Il est une bonne conclusion à cette saga dans le sens où il respecte l’esprit de cette-dernière, pourtant si hétérogène. L’épilogue joue son rôle à merveille en expliquant la destinée de chaque personnage sans jamais pourtant les sceller. Sans que le film et la saga ne paraissent inachevés, une ouverture est laissée pour ces protagonistes auxquels nous sommes si attachés. Malgré tous les reproches que j’ai pu lui adresser dans cette critique, j’aime ce film. Je l’aime de pair avec Infinity War : en les dissociant l’un de l’autre j’aurais tendance à préférer le troisième opus, mais je souhaite les considérer comme un tout, un ensemble « parfaitement équilibré, comme toute chose devrait l’être ». J’aime Endgame car il répond tout de même à nos attentes et est une conclusion noble et digne d’une saga qui m’a marquée, qui nous a marqués, et qui nous a rassemblés. C’est ainsi un grand au revoir avec quelques adieux, mais un au revoir sans tristesse, juste un peu nostalgique, accompagné d’un sourire qui dit : merci.

Mia_Landa
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le 25 avr. 2019

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Mia_Landa

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