Quand les lecteurs d'Au revoir là haut ont appris que le roman de Pierre Lemaitre allait être adapté au cinéma, ils ont poussé de grands "oh" de stupéfaction et d'incrédulité. Quand ils ont su qu'Albert Dupontel en serait l'auteur, ils ont émis des "Ah" de curiosité et d'intérêt, tellement sa personnalité de franc-tireur anarchiste romantique était porteuse de promesses d'un film non conventionnel. Ce en quoi on se trompait un peu car la première surprise est de découvrir un long-métrage très respectueux de l'oeuvre originale, moins axée que prévu sur des aspects grotesques voire grand-guignolesques, quelques scènes exceptées. Ce n'est pas un gros mot mais Au revoir là-haut vise un public populaire sans pour autant céder aux compromissions. Mais oui, le film est relativement sage sans que Dupontel ne se renie, ayant trouvé là un matériau idéal pour exprimer son tempérament lyrique et romanesque, sans oublier d'être socialement corrosif. L'après guerre de 14 est riche de cynisme avec des capitalistes qui ont trouvé à l'époque un terreau fertile pour exploiter la souffrance et la mort, c'est l'un des sujets majeurs du roman et c'est aussi un thème qui ne pouvait que plaire à Dupontel. Le cinéaste n'a pas lésiné sur le grand spectacle et sur les aspects visuels, sa caméra virevolte un peu trop, au détriment de l'émotion mais celle-ci arrive, heureusement, dans les dernières scènes. On en revient toujours au livre, l'un des meilleurs Goncourt de ces dernières années (en attendant l'adaptation prochaine de Chanson douce) et la fidélité du film à sa trame générale et surtout à son esprit est la plus grande réussite du métrage. L'interprétation ne déçoit pas non plus, celle de Nahuel Perez Biscayart, qui ne joue qu'à travers son regard, confirme tout le bien que l'on pense de lui depuis 120 battements par minute. Le reste du casting est au niveau avec une mention particulière pour Niels Arestrup, magistral, et qui procure l'émotion la plus forte, peu de temps avant le dénouement. Cette chronique de la misérable après-guerre a de la moelle et des muscles.

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le 26 oct. 2017

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Cinéphile doux

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