Pas mal de défauts viennent gâcher ce film qui l'empêcheront d'être apprécié à la mesure d'un vrai classique.


C'est mal rythmé, même pour l'époque. On a un peu l'impression de voir un épisode de La Quatrième Dimension qui aurait été artificiellement rallongé. Par exemple la relation entre Lola et Neff qui se prolonge un peu trop pour rien. Pourquoi faire confiance à un marchand de tapis qu'elle connaît à peine ?


Et en même temps, il y a de gros trous dans l'intrigue, notamment relatifs à la relation entre Neff et la blonde fatale. Neff se met dans le coup trop rapidement et trop facilement alors qu'il ne semble pas amoureux fou et qu'il a plutôt une bonne situation. Et en plus il fera preuve de scrupules vers la fin ("What's the gag ?"). Ses motivations n'ont rien de crédible.


La musique est nulle.


Ensuite, on ne voit pas le meurtre à l'écran. Comment la victime a-t'elle été tuée ? Cervicales brisées ? Coup sur la tête ? Et comment le légiste a-t'il pu confondre ça avec une chute d'un train ?


Le seul témoin affirme que la victime qu'il a rencontrée était jeune, mais ne reconnaît pas Neff quand il le voit ni ne reconnaît sa voix ? Témoignage un peu léger pour faire condamner quelqu'un pour meurtre.


Zachetti qui est pratiquement jugé coupable sur une simple présomption. Et il n'est pas confronté au témoin. Rien que cet aspect suffit pour une idée de bon film (Panique, Le Septième Juré...) et là c'est à peine survolé. Le dénouement est clairement téléphoné, ce personnage n'existe que pour mettre grossièrement le feu aux poudres.


Billy Wilder a voulu annoncer d'entrée de jeu l'échec du crime, comme pour ménager ses spectateurs de bigots coincés des années 40 (le crime ne paie pas !). En leur offrant le tragique sans le cynisme pur (la trame du roman a été altérée), et au détriment du suspens.


Le côté "noir" n'est ici qu'un aspect très superficiel d'un film voulu trop conventionnel. D'où l'écriture des personages qui ne colle pas au sujet du film. D'où les errances volubiles ineptes (comme dirait l'autre, "quand on tire on raconte pas sa vie").


D'où le moralisme désuet final, avec les deux criminels qui se trouvent une conscience avant de mourir.


Ce prototype n'est pas plus noir qu'un esquimau enrobé de chocolat.


Entre les personnages, l'enquête criminelle et l'aspect judiciaire, il y avait clairement des choses à peaufiner, et même à construire. Wilder, à l'instar de son protagoniste, aurait dû faire preuve d'un peu moins d'assurance mal placée...

Lepidoptep
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le 11 janv. 2022

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Lepidoptep

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