La presse s'emballe devant Asako I&II, certain chroniqueur évoquant même le Vertigo d'Hitchcock. Diantre, calmons-nous. Sauf erreur, le film n'avait d'ailleurs pas reçu autant de louanges lors de sa présentation à Cannes. Qu'il soit un nettement au-dessus d'une gentille bluette, presque tout le monde sera plutôt d'accord là-dessus, quoique plusieurs scènes pourraient infirmer la chose. Le problème se situe principalement dans une narration où les décisions de son héroïne, la dénommée Asako, semblent relever de l'irrationnel. Qu'elle agisse selon les diktats de son coeur, au nom du grand amour, est recevable mais il y a tout de même un hiatus entre ce que l'on perçoit à l'écran de sa personnalité et ses élans contradictoires. Peut-être est-ce (aussi) un problème d'interprétation, l'actrice étant la plupart du temps figée dans des postures de poupée de porcelaine (ébréchée). Il y a quelque chose qui séduit cependant dans le film, un ton particulier et une jolie manière de poétiser le quotidien d'un couple. Asako I&II se situe parfois à la lisière du fantastique, comme Senses d'ailleurs, mais avec davantage de densité dans ce dernier cas (la durée y était pour quelque chose), et il y avait sans doute à espérer en ce domaine s'il avait été exploré davantage. Difficile en tous cas de ne pas penser que Hamaguchi a été quelque peu surestimé avec le découverte de son film précédent. Imaginons un moment ce qu'un Naruse voire un Ozu auraient pu tirer de ce sujet. Malgré un talent indéniable, le réalisateur d'Asko I&II est encore bien loin de leur niveau.

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le 3 janv. 2019

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