Malgré un aspect chronique d'un naufrage annoncé et les retours unanimement catastrophiques du résultat, il y-avait un je ne sais quoi qui continuait de titiller ma curiosité vis à vis de ce Arthur Malédiction produit et écrit par Luc Besson et réalisé par Barthélémy Grossman. Pourtant pas du tout fan de Arthur et le Minimoys , j'étais tout de même intrigué de voir comment l'univers merveilleux et enfantin pouvait glisser vers celui plus adulte et sombre du cinéma d'horreur, même bien évidemment je ne m'attendais pas à un film bien perturbant. Sans grande surprises le film est nul et le résultat catastrophique.

Arthur Malédiction nous raconte donc l'histoire de Alex qui depuis qu'il est gamin est avec ses potes un immense fan du film Arthur et le Minimoys.. Pour son anniversaire la bande d'ami(e)s décide d'offrir à Alex un séjour dans le décor du film toujours existant mais laissé à l'abandon. Une fois sur place le groupe va se retrouver confronter à des phénomènes étranges.

Première constatation si Arthur Malédiction est un film d'horreur alors on devrait interdire Scooby-Do aux mineurs. Une pauvre séquence vaguement gore, quelques jumps scares moisis et des événements étranges suffisent donc visiblement à faire rentrer Arthur Malédiction dans la même catégorie que Détour Mortel. En tout cas, moi qui mettait mes rares espoirs dans le basculement d'un univers pour enfants vers l'horreur, je ne vois pas trop en quoi le film s'adresse finalement à un public bien différent de celui d'origine. J'ai honnêtement déjà vu des épisodes de Chair De Poule plus flippant que cette chose, ce qui fait que Arthur Malédiction n'a donc finalement RIEN à m'offrir.

Dans le monde merveilleux de Luc Besson il semble donc exister une génération Arthur et le Minimoys avec des fans hardcore de dix huit ans tapissant leur chambre de goodies à l’effigie du film. Si il est vrai que la maison qui a servi de décor au film (situé dans le Connecticut en Normandie) est souvent visité par des amateurs d'Urbex, on sent que Besson gonfle un peu le phénomène histoire de faire carrément de son film un marqueur générationnel. Après tout pourquoi pas , en matière d’ego on est jamais aussi bien servi que par soit même. Le problème c'est que finalement tout ne va servir que de vague décorum et de prétexte à un teen movie horrifique qui n'a strictement rien à dire ni à montrer. On pouvait espérer un sous texte sur le passage à l'age adulte, sur le confrontation du merveilleux à la réalité, sur l’innocence perdu … Il n'en sera rien et le film ne raconte au final strictement rien de plus que ce qu'il contient dans les grandes lignes de son intrigue. Nous avons donc le récit bateau de jeunes qui partent camper (car oui, même la maison est reléguée au second plan) et qui se retrouvent face à une menace mystérieuse. Honnêtement ça pourrait presque suffire à faire un bon film à condition d''investir pleinement le genre horrifique, de proposer des personnages un minimum attachants, un univers cohérent et quelques situations fortes, ce que bien sûr Arthur Malédiction ne fait jamais.

L'écriture du film est une véritable catastrophe à commencer par les personnages, sorte de caricatures d'adolescents sortant d'un imaginaire diffus entre le sitcom AB production d'un autre temps et la teen comédie pas drôle. Pas vraiment aidé par la pauvreté des dialogues, une direction d'acteurs aux fraise et des personnages sans âmes, la bande de jeunes acteurs et actrices débutants doivent se contenter de faire ce qu'ils peuvent pour essayer de faire exister des personnages proprement inexistants . Le bon black rigolo qui fait des fautes de français, l'introvertie à lunettes, la brune qui fait des ronds de bras en tortillant du cul pour exprimer le moindre sentiment, voilà un petit éventail des personnages que l'on souhaite immédiatement voir mourir dans d'atroces souffrances. Mes préférés étant tout de même les deux potes blonds, très gay friendly qui s'éclaboussent torses nus dans les torrents comme des foufous, se donnent des petits coups de serviettes et se font des gros câlins en toute amitié. Quant au mignon petit couple qui va faire office de héros sur fond de douce et chaste romance adolescente il a définitivement plus sa place dans un téléfilm romantique de Disney + que dans un pseudo film d'horreur. Dans ce qu'il nous raconte, ce Arthur Malédiction semble un peu se foutre de notre gueule ; histoire d'installer une ambiance prétendument anxiogène les jeunes découvriront en arrivant près de la maison des groupes de jeunes qui les regardent de manière louche, un vieux chasseur avec des dents pourris qui leur dit de ne pas aller sur les lieux et une étrange présence autour de la maison. Ouhlala ! Que de menaces pour nos jeunes qui devront au final lutter contre des zoulous qui tirent la langue, des abeilles, des tuyaux sous terrains, un type encapuchonné, des pièges à loups, des arbres, des balançoires mais surtout l'ennui et le ridicule. Si vous voulez savoir comment le film rattrape in extremis les wagons de l'incohérence et du ridicule, pas de soucis un brave gendarme viendra vous expliquer face caméra les tenants et les aboutissants d'un film torché à la va vite qui se découvre une pseudo légitimité dans les absurdités qu'il raconte. Je vous livre in texto (en spolier bien sûr) le dialogue tant il est surréaliste de connerie :

« C'est une bande de jeunes . Ils viennent d'une grande ville. Ils n'ont rien à faire du coup ils organisent des jeux de rôles. Il y-a 3 ans c'était l'équipe de Batman contre Superman , ils sautaient des immeubles en pensant qu'ils pouvaient voler . Et puis cette année c'est à cause du film Arthur et le Minimoys, ils ont découvert la maison du tournage et depuis c'est la folie, ils prennent de la drogue, ils arrivent le week-end et ils s'affrontent jusqu'à la mort . Comme quoi un film ça peut faire des dégâts !! » .

Oh mon dieu ! Mais qui peut encore écrire avec aplomb ce genre de connerie qui tente de nous faire croire que des jeunes mêmes drogués essayent de voler comme Superman ou s’entre tuent en jouant à Arthur et les Minimoys ? Qui prend encore les spectateurs pour des jambons au point d'essayer de nous faire encore gober cette morale débile sur la dangerosité des films ? Qui ose justifier par une pirouette aussi moisie la débilité profonde d'un script écrit avec les pieds ? La réponse c'est visiblement Luc Besson. Et si il vous manque tout l'aspect fantastique du récit sachez que notre chasseur aux dents pourris revient en fin de film pour nous dire : Je vous avais prévenu cette terre est sacrée « , sacrée donc mystérieuse CQFD. J'espère franchement qu'un soir de cuite Luc Besson va nous pondre une suite avec des jeunes toxicos qui s’affrontent à mort déguisés en plombiers contre des types dans des costumes en tortues , histoire de prolonger la pertinence du message sur la dangerosité des jeux vidéos.

Arthur Malédiction n'aurait pu être qu'un mauvais film comme tant d'autres, mais le ridicule sans nom de son final en font une œuvre de la pire espèce. De celle qui voudrait nous vendre de l'intelligence sans avoir le moindre échantillon à proposer, de celle qui masque la vacuité de leur triste entreprise commerciale sous une morale rétrograde larvée de bonne conscience, de celle qui n'avait aucune légitimité à exister mais qui tente pourtant de nous faire la leçon.

freddyK
1
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2022 : Films vus et/ou revus

Créée

le 5 nov. 2022

Critique lue 320 fois

10 j'aime

2 commentaires

Freddy K

Écrit par

Critique lue 320 fois

10
2

D'autres avis sur Arthur, malédiction

Arthur, malédiction
VacherinProd
2

Maligningite

Atchoum. Il y a 3 mois de cela, on apprenait qu’en plus de son retour derrière la caméra, Luc Besson allait nous offrir un film de genre adapté de sa saga jeunesse Arthur et les Minimoys. Là, je...

le 30 juin 2022

17 j'aime

6

Arthur, malédiction
cyrusastra
2

« This is cinéma »- Uwe Bowl

Je n’ai pas les mots. Avec ce film on a le droit à un geste de cinéma radical fort. Quel choix audacieux de faire un film sans scénario avec des répliques tout droit sortit d’Hélène et les garçons...

le 29 juin 2022

14 j'aime

1

Arthur, malédiction
FloYuki
2

Merci pour le concept mensonger de la BA Besson ! Un très mauvais film d'horreur à éviter.

Ma critique vidéo sur Arthur Malédiction Arthur et les Minimoys, une trilogie que Luc Besson a commencé en 2006 et terminé en 2010. Les trois long-métrages n’étaient pas très bons en soi (sachant que...

le 3 juil. 2022

12 j'aime

16

Du même critique

Orelsan : Montre jamais ça à personne
freddyK
8

La Folie des Glandeurs

Depuis longtemps, comme un pari un peu fou sur un avenir improbable et incertain , Clément filme de manière compulsive et admirative son frère Aurélien et ses potes. Au tout début du commencement,...

le 16 oct. 2021

75 j'aime

5

La Flamme
freddyK
4

Le Bachelourd

Nouvelle série création pseudo-originale de Canal + alors qu'elle est l'adaptation (remake) de la série américaine Burning Love, La Flamme a donc déboulé sur nos petits écrans boosté par une campagne...

le 28 oct. 2020

53 j'aime

5

La Meilleure version de moi-même
freddyK
7

Le Rire Malade

J'attendais énormément de La Meilleure Version de Moi-Même première série écrite, réalisée et interprétée par Blanche Gardin. Une attente d'autant plus forte que la comédienne semblait vouloir se...

le 6 déc. 2021

44 j'aime

1