Billy Enfant : Tiens ! Attendez une minute, ce serait pas Billy Adulte ?
Billy Adulte : Salut, p'tit gars ! Personne ne t'a enfermé dans les toilettes aujourd'hui ?
Billy Enfant : Pourquoi tu viens me voir cette fois ?
Billy Adulte : J'ai revu "Arthur et les Minimoys" aujourd'hui. Ca faisait une paye...
Billy Enfant : Ah carrément ! Mais pourquoi, tu n'avais plus de films Soviétiques des années 60 sur la désilusion du communisme à regarder ?
Billy Adulte : C'est sans doute parti de la sortie d'"Arthur Malédiction". Une sorte de revisite ""horrifique"" de la saga.
Billy Enfant : Hein ? Mais j'aime pas les films d'horreur moi !
Billy Adulte : Absurde, hein ? Figure-toi que toi, tu connais le Luc Besson plein aux as, qui a sorti des films d'action à gros succès. Il devait d'ailleurs s'arrêter à "Arthur" ! Bon bah, aujourd'hui, figure-toi qu'entre ses trop nombreuses affaires juridiques et les échecs continus niveau cinéma, achevés par l'atroce "Valerian", il n'en reste plus grand chose du nabab. Sinon un exploiteur d'étudiants pour des projets mort-nés. "Arthur Malédiction" m'intrigue dans sa genèse, et la raison m'a été confirmée par les retours détaillés de certains critiques du web (notamment celui d'Ecran Large) : la démarche est un suicide artistique. L'exact opposé du film originel quoi !
Billy Enfant : ah ouais, ça pue du slip, quand même...
Billy Adulte : Ca te fais quoi ?
Billy Enfant : Ben... Je sais que Besson n'est pas un grand monsieur (actuellement, je pense qu'il n'en existe pas). Mais "Le grand bleu" est le seul film qu'on aime tous les trois avec mes parents, un des rares points communs que j'ai avec eux deux... Mais surtout, "Arthur et les Minimoys" je kiffe ! J'ai les figurines des personnages, l'espèce de couteau suisse de Bétamèche, le poster du film sur la porte de mon placard, un masque d'Arthur... Je dois être un des seuls gosses de France à être même abonné à "Arthur Magazine", c'est la mode de créer des magazines entièrement dédiés à des films avant de disparaitre au bout de quelques mois sans prévenir... J'avais même pleurer quand mon cousin avait reçu le DVD du film pour son anniversaire, avant de le recevoir moi aussi ! Le "Arthur", je l'ai vu au cinéma seul avec ma mère, j'avais vraiment eu peur quand il est passé dans la longue-vue et se métamorphose en Minimoy avec l'espèce de glue dorée (mais dans le 2 c'est encore pire), et il m'a beaucoup plu.
Billy Adulte : Et le 2 ?
Billy Enfant : Ben.. Ma mère et moi étions beaucoup moins contents... Pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le 3 est dans la même veine ?
Billy Adulte : Un peu mieux, mais clairement pas au niveau du 1.
Billy Enfant : Rho dommage... Ca aurait pu être une oeuvre générationelle !
Billy Adulte : Eh oui... D'ailleurs, Besson semble le croire dans son "Arthur Malédiction" apparemment... Je compte pas le voir, le message derrière le film est trop triste et sa conception trop écoeurante.
Billy Enfant : On a qu'à rester sur le premier film alors ! Le monde est trop cruel pour se concentrer sur ceux qui y contribuent, hein ?
Billy Adulte : Certes.... Bon, forcément, quand tu revois des films que tu as vu enfant, tu aperçois davantage les petits sous-entendus adultes. T'avais remarqué le plan sur le cul de Sélénia ?
Billy Enfant : Non, mais merci de m'avoir prévenu !
Billy Adulte : De rien, p'tit gars ! Bien sûr, c'est pas le plus gros défaut que j'ai rencontré dans ce film. Les personnages sont des archétypes sans aucune nuance... Genre le gars à chapeau qui a la voix de José Garcia, il est écrit comme un nazi... En fait, toute la première partie en live m'a vraiment pas embarqué. Arthur est trop enthousiaste sur tout pour être honnête (je suis sûr il deale en secret), la grand-mère est mal jouée (on sait pas d'ailleurs si c'est la mère du père ou de la daronne d'Arthur), et globalement ça sonne très faux.
Billy Enfant : Boh je trouve pas... J'aimerai bien avoir un copain comme Arthur, moi ! Et puis, moi aussi j'ai connu un gars qui serrait la patte de son chien.
Billy Adulte : Une fois qu'on bascule dans l'animation, ça devient plus intéressant je trouve !
Billy Enfant : Oui, moi aussi ! C'est surtout les autocollants de toute cette partie que j'ai sur mon album Panini.
Billy Adulte : Je trouve que l'univers, graphiquement, il a de la gueule, quoi. Autant basé sur la nature, ça donne un cachet très personnel, et certains rendus d'éléments de décor (comme le lit-coquelicot) ou les environnements (comme l'antre de Maltazard) jouent avec la lumière, ce qui rend une identité particullièrement marquée sur les ombres. Les designs des personnages aussi, bon Arthur c'est pas sympa de le faire passer pour un Léo Ferré ébouriffé, mais pour les autres (surtout Maltazard !), ça apporte clairement une revisite des Lutins qui est tout sauf inintéressante !
Billy Enfant : Par contre, c'est pas bizarre, les échos dans les voix des persos ?
Billy Adulte : Ah, je me disais bien que tu l'avais remarqué aussi ! Bah je comprends toujours pas tu vois, et pourtant depuis j'ai fais quelques trucs niveau son...
Billy Enfant : Mais les voix sont vraiment bien je trouve !
Billy Adulte : Je reconnais trop les voix de Mylène Farmer et, surtout, Alain Bashung... Il a essayé d'apporter son registre, une menace tranquille et surtout implacable, mais je crois que je préfère Gérard Darmon finalement. Sa voix est faussement chaude, est plus sournoise, je préfère comme ça.
Billy Enfant : Moi, c'est Cartman qui m'éclate sur Bétamèche ! Et puis Jacques Frances, très drôle en roi ! Son gag "Couvrez-moi" me fait toujours rire !
Billy Adulte : Alors parlons-en de l'humour ! Du coup toi ça t'a fait rire ? Moi je n'ai pas ri une seule fois. L'humour Bessonien, à l'exception du "Grand Bleu", ça ne me fait plus esquisser quoi que ce soit.
Billy Enfant : Moi oui, ça me fait trop rire ! Le gag des fleurs pendant la scène disco (même si cette scène n'a pas beaucoup de sens en soi), le caractère de Sélénia, les petites remarques de Bétamèche justement... C'est pas non plus à se plier de rire comme dans les Pixar, mais ça m'a fait rire ! Et ça ne m'a pas déconcentré des scènes plus épiques, comme l'invasion des moustiques.
Billy Adulte : Tant mieux alors, écoute ! Moi, ce qui m'a aussi dérangé dans l'écriture, c'est toute cette histoire de "mariage", ou cette réplique quand même très artificielle "je ne m'inquiète pas il me reste deux jours pour trouver mon prince charmant", alors qu'ils viennent à peine de se rencontrer et surtout n'ont pour l'instant pratiquement rien vécu ensemble...
Billy Enfant : Oui, c'est vrai que leur histoire d'amour est baclée. Mais ça devait être dur de l'inviter à l'hôtel alors que Bétamèche est à côté...
Billy Adulte : Ah ah ah, arrête tes conneries !
Billy Enfant : Moi et ma mère, on aime beaucoup quand ils s'embrassent, avec leurs oreilles qui fricotent... Je leur pardonne le raté de leur histoire, je vais me la réinventer en plus approfondie dans mon coin ! Parce que, quand même, je les trouve mignons ensemble.
Billy Adulte : Pareil quand Arthur est avec sa famille ?
Billy Enfant : Non, ça j'ai toujours trouvé ça bizarre... Mais bon, j'ai une relation bizarre avec ma famille aussi.
Billy Adulte : Mais, au final, toi à qui ce film est adressé malgré tout, qu'est-ce qui a pu autant te séduire dans ce film ? En le revoyant aujourd'hui, je l'ai trouvé juste pas mal. Pas aussi excellent que pour toi ! Pourtant, je pense pas avoir eu que des gouts pourris à ton âge, j'adulais Pixar (faut dire qu'on était en plein âge d'or) et je pouvais détester certains Dreamsworks...
Billy Enfant : Peut-être parce que le film, tout innocent qu'il est, propose surtout un univers rassemblant les sujets importants pour nous ? Traités comme nous, on l'aurait traité ? L'amour, nous, on le voit comme un petit mariage et surtout des bisous qui font trembler les genoux et le bidon ; la méchanceté, on sait bien que tout le monde l'est plus ou moins, mais au moins on sait à qui on ne veut surtout pas ressembler, quelles sont les limites de l'oubli de soi ; la nature, c'est un assemblage de mondes à protéger (7 royaumes minimum !), et c'est notre courage et l'entraide qui nous permettront de continuer de l'aimer et de la respecter...
Billy Adulte : De mon point de vue, c'est tellement naif...
Billy Enfant : Sans doute ! Mais pour moi, pour l'instant, c'est une vision qui me réconforte. J'ai besoin qu'on me montre certains repères émotionnels, aussi naifs soient-il. Je suis tout seul dans la cour, j'ai besoin qu'on me dise que l'amour est à la portée de tout le monde, que je suis pas aussi méchant que je le crois, et que la Nature sera toujours là pour moi. Peut-être, aussi, que ça ne s'explique pas un film boiteux que l'on adore quand même.
Billy Adulte : C'est un feeling, oui.
Billy Enfant : Et je crois que seuls les films qui ont une forte personalité détiennent ce feeling... Il laisse pas indifférent. D'ailleurs, tu es bien retourné le voir, tu vois ? Tu va pas me faire croire que seule la sortie d'"Arthur Malédiction" t'a motivé à revoir "Arthur". D'ailleurs, tu reverras pas les deux autres !
Billy Adulte : C'est vrai... Pas sûr de revoir ce premier film de sitôt, ceci dit !
Billy Enfant : Contrairement à moi ! Je dois regarder précisément comment la balle de tennis écrase les Zéides, pour le refaire dans le jardin, mais à ma sauce.
Billy Adulte : Je lui aurai mis 5, toi tu lui aurais mis 10. On se fixe sur un 7 ?
Billy Enfant : Fais ce que tu veux ! Moi, je retourne dans mon monde, je suis resté un peu trop longtemps sur Terre là.
Billy Adulte : A la prochaine, p'tit gars ! Et fais attention à toi.
Billy Enfant : Je t'attendrai, Bastian.

Billy98
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le 27 juil. 2022

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