Arsenal, Steven C. Miller, U.S.A, 2017, 1h32

\ATTENTION//


Ce film comporte un Nicolas Cage en roue libre totale, il est donc [pour votre rédacteur] impossible de proposer une chronique objective.


\MERCI DE VOTRE COMRÈHENSION, OU NON//


‘’Arsenal’’, que dire… C’est un petit film de gangsters tout ce qu’il y a de plus classique, avec une histoire de fratrie mise à mal par une existence laissant peu d’opportunité pour s’extirper de son milieu social. Le système américain fonctionne de telle manière que si vous ne tirez pas le bon numéro, et bien ça ne va pas faciliter la suite. C’est exactement le cœur du sujet, avec JP et Mickey, deux malfrats malheureux qui ne cherchent finalement rien de plus qu’une vie descente.
Prenant place dans un Sud moite et étouffant, il faut admettre qu’esthétiquement le film en jette. Là où ‘’Marauders’’ était pluvieux au possible, c’est ici la chaleur et le soleil qui inondent une intrigue sombre, et sa descente aux enfers dans les bas-fonds d’un patelin où règnent pauvreté et désarroi. Pas un personnage ne relève l’autre, pas de ‘’gentils’’ aseptisés, du moins dans l’idée, mais le portrait croisé de mafieux vivant dans un microcosme totalement vicié.
Une fois de plus, Steven C. Miller propose une série B d’action bourrins, et ne lésine pas sur une violence abusive. Il l’accompagne ici de nombreux ralentis, qui ne fonctionnent pas tous, mais qui dans l’ensemble offrent une identité propre au métrage, appuyé par des séquences ultra-stylisées. Cependant, il est vrai que parfois elles semblent un peu en rupture avec le fond et une histoire somme toute assez banale.
C’est là l’un des gros points faibles, le manque cruel d’originalité, non pas dans ce qu’il propose, mais par rapport aux éléments avec lesquels se construit le scénario. Tout est un peu téléphoné et Adrian Grenier, déjà crédité dans ‘’Marauders’’, porte le film alors qu’il n’a clairement pas les épaules pour s’imposer en star d’action. Non pas qu’il soit particulièrement mauvais, mais il apparaît en décalage avec les différentes gueules présentes au casting.
Il est donc JP le frère de Mickey, interprété par Jonathan Schaech (Jonah Hex dans ‘’DC’s Legends of Tomorrow’’), qui fait regretter directement qu’il ne soit pas le personnage principal. Bon, c’est sans doute là un petit peu de pinaillage, mais au final, la qualité de l’ensemble en pâtit beaucoup. Cela n’est pas aidé par la présence fantomatique d’un John Cusack qui n’a pas l’air très au courant du film dans lequel il s’est engagé. Et c’est un peu le cas de tout le casting en fait…
Il est très bizarre de constater que les comédien.nes sont tous plus ou moins bon, mais donnent l’impression de ne pas évoluer dans le même métrage. Un sentiment accentué par la performance complètement hallucinée [pléonasme ?] de Nicolas Cage, qui à chaque intervention rend très très fade l’ensemble du casting. Et vu qu’il apparaît quand même pas mal, finalement au bout d’un moment un désintérêt se crée pour une intrigue par trop banale, et l’attente se met en place entre chaque scène avec Cage.
Reprenant ici son rôle d’Eddie, qu’il interprétait dans ‘’Deadfall’’ en 1993, il est affublé d’une perruque, d’une prothèse nasale, d’une moustache et d’un goût douteux du style. Tout ça fait qu’il ressemble plus à une variation de Tony Clifton [l’alter ego d’Andy Kaufman] qu’à un mafieux sudiste crédible. Mais il se dégage de son personnage, de son interprétation et de sa prestance une fascination qui colle les yeux à l’écran, et empêche par la même occasion de prendre du recul sur l’ensemble de l’œuvre.
Du Nicolas Cage des grands jours, que Steven C. Miller a eu beaucoup de mal à gérer sur le plateau, complètement habité par son personnage. On ne peut qu’imaginer les moments passés entre le tournage de chaque scène... Particulièrement cheap, avec un prononcement pour le kitsch, ce qui ressort du jeu de Cage oscille entre le ridicule le plus pathétique et le génie de haut vol. En fait, à le voir jouer la comédie, on ne peut que réaliser que personne, absolument personne, dans le cinéma hollywoodien actuel ne propose de telles performances.
C’est très sincèrement que l’auteur de ces lignes pense que Nicolas Cage est LE comédien de notre époque. Capable du pire, mais surtout du meilleur, il prend sans cesse des risques par amour pour le cinéma. Il est prêt à tourner dans n’importe quelle production où son personnage conduit une moto, car une contrainte contractuelle de son assurance le lui interdit dans la vie de tous les jours. Il peut ne pas lire un scénario et accepter un rôle juste pour partager 30 secondes d’écran avec Christopher Lee. Ce type a signé un contrat juste parce que jouer un personnage muet ça l’éclatait. Des histoires comme ça il y en a des tonnes.
Essayons de ne pas tourner cette chronique en panégyrique d’un acteur incroyable. ‘’Arsenal’’ possède à côté de Nicolas Cage toutes les qualités des films de Steven C. Miller. Soit une générosité dans tout, un jusqu’au-boutisme salutaire, une mise en scène nerveuse, reconnaissable et la capacité de proposer des petites productions bien troussées avec des moyens plus que limités. En plus, il parvient toujours à tourner avec des acteurs cultes en fin de carrière.
Une fois de plus, la brutalité présente dans le métrage n’est pas feinte et révèle un goût prononcé du cinéaste pour le Pulp. Il ne cherche pas à proposer une vision réaliste du monde et encore moins de l’Amérique. Il se sert de l’environnement de ses personnages pour évoquer ici et là, entre deux bastons bien bad ass, des dysfonctionnements et les raisons de leurs agissements. Ces derniers s’avèrent au final très humains, malgré leurs choix douteux, mais c’est toujours le positif qui finit par l’emporter.
Il y a certes une naïveté qui se dégage de ces productions, mais la sincérité avec laquelle elle compose, offre de l’authenticité à des projets cinématographiques trop souvent pensés et exécutés comme de simples produits de consommation. Attention, c’est là l’ADN même des réalisations de Miller, mais il démontre qu’il est possible de ne pas prendre le spectateur pour un glandu, tout en proposant du divertissement fun et plaisant.
Alors oui, de ‘’Arsenal’’ c’est Nicolas Cage qui est retenu, oui le film ne vaut surtout que pour sa présence totalement magnétique et complètement over-the-edge. Mais, elle n’en réduit pas moins le travail de Steven C. Miller, qui parvient à composer un divertissement efficace, certes convenu, mais avec juste ce qu’il faut de fulgurance pour remplir le contrat.

Il propose des œuvres proches d’un mode de pensée des années 1980, mais sans invoquer la nostalgie, avec des films aux contenues et à la forme très actuelle. Rien que pour ça, il devrait trouver une reconnaissance comme l’un des cinéastes majeurs d’un cinéma populaire trop souvent méprisé.


Ps : Oubliez tout ce que vous venez de lire. Voyez ce film pour la performance de Nicolas Cage. Vous n’en apprécierez que plus l’actioner de qualité concoctée par Steven C. Miller. Avec en cadeau bonus la présence de Christopher Coppola, le frère de Nicolas Cage, dans un petit rôle... deux Cage pour le prix d'un, ça ne se refuse pas !


-Stork._

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le 9 juil. 2021

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Arsenal
Peeping_Stork
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Arsenal, Steven C. Miller, U.S.A, 2017, 1h32

\ATTENTION// Ce film comporte un Nicolas Cage en roue libre totale, il est donc [pour votre rédacteur] impossible de proposer une chronique objective. \MERCI DE VOTRE COMRÈHENSION, OU...

le 9 juil. 2021

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Arsenal
Fatpooper
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DavidRumeaux
3

Arsenal !

Bon, Steven C. Miller est spécialiste du film bas de gamme, qui sort se paumer en VoD. Bizarrement, il a récupéré ce scénario du seul type au monde qui se souvenait du personnage d'Eddie...

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