Pour tous ceux qui apprécient le cinéma de James Gray depuis “Little Odessa” jusqu’à “Ad Astra” en passant par ‘We Own the Night”, “Two Lovers” ou bien encore “The lost City of Z”, la vision de "Armageddon Time” son nouvel effort sera une fois encore la confirmation de la puissance narrative émanant de l’univers du cinéaste, qu’il soit intimiste ou infiniment grand comme “Ad Astra” récemment ! Nous sommes en 1980, dans le quartier du Queens à New York, la caméra de James Gray s'insinue dans le quotidien d’une famille américaine d’origine slave et juive - James Gray étant lui-même d’origine ukrainienne - dans une Amérique en proie à ses démons racistes et antisémites. A noter que le récit n’est jamais alourdi à grand coup de tartines “Woke” indigestes ! Le pays est à l'aune d’un nouveau virage politique mené par un certain Ronald Reagan dont le titre du film “Armageddon Time” paraphrase les mises en garde du futur Président des Etats-Unis. C’est ainsi que nous faisons la connaissance du jeune Paul Graff (la révélation Banks Repeta), en pleine introspection. Entre l'impatience maternelle d’Esther (Anne Hathaway), l’incompréhension menant à la violence d’Irving (Jérémy Strong), son père, l’amitié borderline qu'il entretient avec Johnny Davis (Jaylin Webb), un jeune afro-américain et l’amour inconditionnel que lui porte Aaron Rabinowitz (Anthony Hopkins), son grand-père, Paul se noie dans un tourbillon émotionnel. Bientôt le jeune garçon fera la douloureuse expérience de l’exclusion, de l’injustice de la différence et de la mort au travers d’un parcours initiatique sur la fin de l’innocence. D’un récit intimiste quasi autobiographique, magnifié par la sublime photographie de Darius Khondji (“Seven”), James Gray en ressort peut-être son film le plus personnel depuis “The Immigrant” (2013), dont “Armageddon Time” est une sorte d’écho, lorsque Aaron raconte à Paul l’arrivée de son arrière-grand mère à Ellis Island “la porte du Paradis”, pour fuir le nazisme !