Argo
7
Argo

Film de Ben Affleck (2012)

Le coup est parti. C'est la balle dans le pied qui fait boiter et impose six mois de rééducation. Mission échouée.


Tout était pourtant nickel : mise en scène sans fioritures (hormis ce plan sur les pecs de Ben Affleck, mais pourquoi ?!), photo soignée, gros boulot de reconstitution, effets spéciaux discrets dévoués à la crédibilité, très bon script qui résume de façon limpide la crise iranienne sans avoir l'air d'y toucher, rythme de surcroît complètement maîtrisé : deux heures sans ennui, un miracle en 2013.


Mais voilà. Quand tout était bien huilé pour accoucher d'un film épatant, il a fallu qu'Hollywood débarque avec ses gros sabots. Et c'est d'autant plus violent que l'intrusion se fait dans le dernier tiers — voire dernier quart — du film ! Ça commence au guichet de l'aéroport, avec cette scène de "suspense technologique" qui m'a fait bredouiller : "Mais les gars, on est en 1980 ! Internet et le refresh F5 n'existent pas encore !" Ça explose ensuite avec une course-poursuite/tarmac qui fait coucou à John McClane. Ça retombe enfin avec un happy end familial expéditif qui stupéfie par son manque d'à-propos. Et ce coup de fil-climax qui manque de compromettre tout le stratagème, qui ça excite encore ce genre d'hollywoodisme balourd ?


Et sans vouloir jouer les Tariq Ramadan, que la frontière entre un espace islamique répressif et un Occident permissif soit définie par l'annonce d'une hôtesse de l'air informant que l'alcool est désormais autorisé ("yeaaaah !") a de quoi faire lever un sourcil.


--
Edit du lendemain : Argo a remporté l'Oscar du meilleur film juste après mon visionnage. C'est évidemment aussi absurde qu'hilarant. Et surtout, lisez cet article (http://www.wideasleepinamerica.com/2013/02/oscar-prints-the-legend-argo.html) qui explique que TOUS les ressorts du suspense sont bidons, à peu près rien ne s'est passé comme dans le film. Pas de repérage en pleine rue avec une foule d'excités menaçants pour paraître crédible ; pas de bataille avec les plus hautes autorités bureaucratiques quant au choix de la méthode d'exfiltration, ce sont les six Américains eux-mêmes qui ont suggéré de se faire passer pour une équipe de cinéma ; pas de billet d'avion annulé/revalidé à la dernière minute, c'est la femme de l'ambassadeur canadien qui est allée les acheter à l'aéroport ; aucun contrôle à l'embarquement ; encore moins de course-poursuite sur le tarmac...


Eu égard à tous ces faits nouveaux, et parce que Michelle Obama /herself/ a annoncé le vainqueur de l'Oscar du meilleur film, je retire un point à ma note. J'espère que tu fais bien la gueule, Ben !!!

Gaor
5
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le 24 févr. 2013

Modifiée

le 25 févr. 2013

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