Ce film me laissera un goût amer tant il se rate dans les grandes largeurs malgré un potentiel énorme.
Décomposons son rendu tant sur le fond que sur la forme.
- Sur le fond, Antebellum aborde un sujet intéressant, à savoir la situation des afro-américains aux Etats-Unis à travers l’esclavage durant la Guerre de Sécession et les violences raciales de nos jours. En fusionnant les deux époques, le film trouve un écho assez fort, tant le contexte racial actuel des USA est particulier.
Mais aborder un sujet aussi profond demande un vrai travail de réflexion, de détails et d’approfondissement. Un travail qui a considérablement manqué... Le film reste en surface, se contentant de montrer les choses sans apporter une vraie réflexion de fond.
La trame narrative oublie de répondre à la question du « pourquoi », sans doute la plus cruciale du scénario.
- Parlons maintenant du rendu sur la forme.
Le film se décline en 3 parties : 1/ la partie esclavagisme dans les champs de coton, 2/ la vie de Veronica Hanley avant son kidnapping, 3/ L’évasion sanglante de la plantation.
La première partie plante bien le décor, en montrant sans filtre les conditions de détention des esclaves afro-américains. Sans indication de temps, on s’imagine en pleine Guerre de Sécession. Des perspectives d’évasion se présentent à long terme...
Puis alors qu’elle s’endort, Veronica Hanley apparaît alors au 21e siècle, en pleine vie de famille.
Ce changement soudain d’ambiance déroute littéralement, on ne sait pas si la Veronica esclave est l’ancêtre de celle du 21e siècle, si la 1e partie du film est un mauvais rêve ou le contenu d’un livre que la nouvelle Veronica est en train d’écrire.
On commence à chercher le lien entre ces deux parties diamétralement opposées. Le rythme devient mou, les scènes s’éternisent au fil de dialogues inutiles et vraiment lourds.. L’insupportable et vulgaire Dawn, incarnée par Gabourey Sidibe, pourtant pas très centrale dans l’histoire, monopolise à elle seule de longues minutes de dialogue, ce qui tue littéralement l’intérêt qu’on pouvait avoir pour le film.
Au terme d’une seconde partie complètement ratée, on assiste au kidnapping de Veronica. Le véritable lien entre les deux parties apparaît enfin.
Retour au sein de la plantation pour un dénouement sanglant.
L’ambiance Guerre de Sécession, si réaliste dans sa première partie, prend soudain un coup quand notre héroïne voit un avion passer et décide que LE MOMENT EST VENU !
Après l’avion, le portable, une héroïne qui se transforme en guerrière, défonce tout le monde au terme d’une évasion épique à cheval et file vers la liberté à la sortie d’ANTEBELLUM, qui n’est nul autre qu’un parc de reconstitution de la guerre de Sécession au fin fond de la Louisiane.
Sans la partie intermédiaire, les parties 1 et 3 combinées auraient donné un résultat correct. Mais pour en faire un film vraiment abouti, il en aurait fallu beaucoup plus. Ne serait-ce que des explications sur le fond de ces kidnappings. Est-ce l’œuvre du KU KUX CLAN ou autre faction extrémiste, avec la complicité de gens hauts placés ? Quelque soit l’explication donnée, cela aurait mérité d’être davantage détaillé.
Relier l’esclavage des afro-américains durant la Guerre de Sécession et les violences raciales de nos jours était une vraie bonne idée. En approfondissant davantage le sujet, supprimant les scènes et personnages inutiles et en gardant une vraie cohérence scenaristique et d’ambiance, le film aurait pu être un chef-d’œuvre.