Infiniment petit, y a pas de doute.

Imaginé par Stan Lee et Jack Kirby en 1962 sous les traits du scientifique Henry Pym (puis sous ceux de Scott Lang à partir de 1979 et de Eric O'Grady en 2006), Ant-Man, membre fondateur des célèbres Avengers, a enfin droit à son propre film, après un développement extrêmement chaotique.


Dès 2006, l'idée d'en tirer un long-métrage germe dans le cerveau du cinéaste Edgar Wright, qui attendra la sortie de son jouissif Scott Pilgrim V.S. the World pour s'atteler à la tâche, en partenariat bien entendu avec Marvel Studios qui en détient les droits. Malheureusement, l'entente entre le studio et le papa de Shaun of the Dead n'est clairement pas au beau fixe, et en 2014, Wright claque définitivement la porte même si son nom reste crédité au générique par simple politesse hypocrite.


Par l'intermédiaire du comédien Paul Rudd, détenteur du rôle de Scott Lang (Michael Douglas héritant de celui d'un Hank Pym vieillissant), Adam McKay se voit proposé les commandes du projet, proposition qu'il refusera en raison d'un emploi du temps déjà chargé. Même si peu à l'aise à l'idée de reprendre le travail de son ami, il retravaillera tout de même le scénario de Joe Cornish et Edgar Wright, avant que plusieurs scénaristes n'en rajoutent une couche à leur tour. De son côté, Peyton Reed héritera du poste de réalisateur, achevant de transformer le projet le plus excitant du Marvel Cinematic Universe (dont il doit conclure la phase 2) en mauvais pilote de série télévisée.


S'il est difficile de juger de la contribution de chacun au regard d'un tel bordel, il est clair que Ant-Man subit de plein fouet une production aussi désastreuse. Sans surprise et blindé de clichés d'un autre âge, rempli de seconds rôles inutiles et s'articulant autour de dialogues à rallonge, le scénario écrit par... on ne sait plus trop qui, ne ressemble plus à grand chose, si ce n'est à un patchwork bancal des diverses visions des différents auteurs appelés sur le projet.


Des deux ou trois idées prometteuses sur le papier (le climax sur un train miniature, le final métaphysique...), il ne reste quasiment rien, juste une mise en image fadasse, tuant instantanément dans l'oeuf tout le potentiel spectaculaire et délirant des séquences. Venu de la comédie, Peyton Reed se montre incapable d'apporter la moindre parcelle d'ampleur à son film, se contentant de filmer platement son décor et ses comédiens, alors que même Adam McKay aurait sûrement pu au moins rattraper le coup, comme l'avait si bien montré les excellentes scènes de course automobile de son génial Talladega Nights.


Sympathique, le casting ne peux y faire, condamné à déclamer des répliques sans saveurs. Les ruptures de ton ne fonctionnent pas non plus, l'humour tombant constamment à plat pendant que l'émotion, ne demandant pourtant qu'à germer à l'occasion d'une poignée de scènes, se voit noyée sous la caméra d'un yes-man qui aura été définitivement un très mauvais choix. Jamais rythmé, Ant-Man en devient franchement chiant sur près de deux heures, voir même irritant à saborder sans arrêt un postulat aussi riche.


Foutrement bandant quand il était encore entre les mains d'Edgar Wright et Joe Cornish, Ant-Man n'est plus que l'ombre de lui-même, un téléfilm sans aucune envergure, sans véritables enjeux, sans magie et sans couilles. Ou comment détruire le fantasme pelliculé d'un cinéaste de génie et les espérances des fans en accouchant d'un produit jetable et immédiatement oubliable.

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le 2 juin 2016

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Gand-Alf

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