Charlie Kaufman. Le mec réputé pour avoir signé Eternal sunshine of the spotless mind - ce qui lui vaut déjà nos points d'amour éternel - et surtout le scénariste des débuts de Spike Jonze, qui nous pond Being John Malkovich et Adaptation. Autant dire qu'il se passe beaucoup de choses assez étranges dans cette petite tête frisée brune. Après s'être essayé à la réalisation et y avoir pris goût, Kaufman signe une nouvelle histoire et la met en scène. Anomalisa était née, et ça vendait beaucoup pour pas grand chose.


Une animation avec des éléments de stop motion reste un choix esthétique toujours bienvenu, encore faut-il que ce dernier justifie un propos. Or, ici, ce choix visuel ne semble utilisé que pour sembler different, se détacher de la programmation actuelle et attirer le spectateur sur son simple fait, démarche qui peut sembler assez malhonnête. On la verra réellement à l'oeuvre lors d'une scène certes impressionnante, mais qui deviendra vite anecdotique au vu de son importance face au propos.


Le propos, parlons-en. Si le thème de la solitude, de la lassitude d'une routine est traité avec intelligence, on sent la narration entre deux chaises, qui aborde son sujet mais ne va jamais au bout. On laisse des choses en suspens, on ne sait pas de quoi parler, malgré au final la simplicité d'un thème qui nécessite plus un regard, un angle, qu'un développement complet. Et souvent, on s'attarde. Pourquoi faire une sexe de scène dans tous ses détails, lorsque l'on peut se contenter de suggérer l'action? La redondance des situation et le fait qu'après découvertes et rencontres, le personnage en est au même point et n'a aucunement avancé nous laissera sur notre faim.


Beaucoup d'idées, d'éléments mis en avant puis abandonnés sans apporter les réponses aux questionnements énoncés, Charlie Kaufman de perd dans ses ambitions qu'il aurait dû revoir à la simplicité, et offre une oeuvre bâtarde, entre l'émerveillement d'un visuel réussi et la frustration du manque d'enjeux aboutis.

ThierryDepinsun
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le 7 févr. 2016

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