
De Blandine Lenoir, l'on se souvenait de Aurore, un bel hymne à l'émancipation féminine. Annie colère est dans la même veine, mais avec une charge historique puissante, puisqu'il y est question de l'organisation mise en place par le MLAC (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception), un an avant le vote de la loi Veil. Un film comme un hommage à ces militantes de terrain (accompagnées de quelques médecins) qui ont combattu contre les avortements clandestins, en attendant une législation qui tardait à venir. A la fois réaliste et très bienveillant, Annie colère réussit à incarner une mission collective et un esprit de corps jamais pris en défaut, à travers l'itinéraire d'une femme, simple utilisatrice des moyens mis à disposition par le MLAC, avant d'y trouver une raison de vivre et une vocation. Pédagogique, le film revendique cet aspect et il serait malvenu de le lui reprocher, tellement cette époque qui remonte à près de 50 ans, est aujourd'hui très mal connue, femmes et hommes confondus. Un petit bémol quand même : une exposition des faits un peu trop longue et quelques répétitions, qui servent cependant à enfoncer le clou. Laure Calamy joue une mère de famille qui se métamorphose sous nos yeux et elle réussit à nous épater, cette fois encore, avec un casting de choix à ses côtés : Zita Hanrot, India Hair et Eric Caravaca, entre autres. De même que L’Événement, dans une mise en scène moins chiadée, sans doute, Annie colère peut être considéré comme un film ô combien utile, sans qu'il n'y ait absolument rien de péjoratif dans ce terme, tout au contraire.