Féminisme éventé

« Annette », mélange de comédie musicale et d’opéra, offre un cocktail qui n’a jamais réussi au cinéma (même le grand Minnelli s’est ramassé dans Ziegfled Folies). De plus, ici, les morceaux sont musicalement inégaux. De même pour des textes qui tentent de ramener dans le banal du quotidien une démarche visuelle à la limite de l’onirisme. Si Adam Driver est excellent, Marion Cotillard se débat avec un personnage parfois mal écrit, ainsi que Simon Helber dont le rôle est si mal amené qu’il en paraît parachuté. Ce film qui se veut résolument féministe aborde plutôt le point de vue et l’évolution masculine. Ainsi la scène de la piscine et la fin dans la prison, évente totalement la démarche féministe, qui plombe un déroulé déjà asséché par une manque d’émotion pourtant nécessaire à une telle histoire, qui laisse le côté malsain accaparer la totalité du registre sentimental. Avec des mouvements de caméra inventifs, donc inattendus, une construction remarquable de certaines scènes, notamment celles de spectacles, des décors soigneux et un montage bien équilibré, Carax laisse une œuvre dont la forme est plus réussie que le fond. Comme quoi, une bonne technique ne suffit pas pour faire un grand film. Et une nouvelle fois, après le médiocre « Pola X », se pose la question : « Boy meets girl » était il un heureux accident ?