“Just because we don't wanna do something doesn't mean it can't be done.”

Animal Kingdom est un polar relativement convenu durant les trois premiers quarts du film : on y retrouve une ambiance assez proche des films noirs de James Gray, où la famille criminelle écrase ses membres un à un au nom d’un code commun, personnifié par le grand oncle et surtout la grand-mère, figure castratrice assez effrayante.
Assez rapidement, cependant, deux éléments se dsitinguent suffisamment pour lui conférer une certaine originalité : le rythme, étonnamment long et fondé sur le désamorçage. Les attendus du genre (descente de police, meurtre, voire poursuites) sont toujours et à raison déceptifs. Pas une once de glamour et ou de clinquant, mais la noirceur des haines et des erreurs humaines. L’autre grande réussite réside dans son personnage principal, Josh, pivot de la découverte de ce monde auquel on l’initie vaguement. Bovin, mutique, docile, sans individualité, il est l’anti Toni Montana, la version adolescente et encore un peu fraiche de Jacky Vanmarsenille, le protagoniste de Bullhead.
Si le centre du récit manque un tantinet de crédibilité (à savoir un meurtre poussif dont l’intérêt est une ficelle du scénario avant tout), les conséquences qui en découlent vont le mener à une dernière partie réellement fascinante. Josh, petit être malléable et jugé exploitable par les gangsters comme par les flics, va commencer à tracer une voie qui lui est propre, sans que nous ayons accès à ses intentions avant la dernière image du film. Ce point de vue externe en est l’une des grandes réussites. Moralement opaque, suivant sa propre voie dans un monde où de toute façon, les repères habituels entre gendarmes et voleurs sont effacés, il fait émerger un nouveau type de personnage, aux antipodes d’Hollywood, dérangeant et d’une véritable épaisseur.
Sergent_Pepper
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Psychologique, Adolescence, Policier, Gangster et Film Noir

Créée

le 8 sept. 2013

Critique lue 2.1K fois

30 j'aime

4 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

30
4

D'autres avis sur Animal Kingdom

Animal Kingdom
Sergent_Pepper
8

“Just because we don't wanna do something doesn't mean it can't be done.”

Animal Kingdom est un polar relativement convenu durant les trois premiers quarts du film : on y retrouve une ambiance assez proche des films noirs de James Gray, où la famille criminelle écrase ses...

le 8 sept. 2013

30 j'aime

4

Animal Kingdom
Senscritophiliste
7

Un début prometteur!

Pour son premier long métrage, David Michôd décrit le crime comme une activité ordinaire en trouvant un juste équilibre entre drame social et thriller. Le style rappelle James Gray "La nuit nous...

le 24 juil. 2011

13 j'aime

Animal Kingdom
ptitpraince
2

Boring kingdom

Que retenir de ce film à part une irrépressible envie de dormir? C'est lent. Très lent. Et bavard. Le pitch du film laissait entrevoir un bain de sang, de la castagne à la volée. Tu parles Charles...

le 30 avr. 2011

11 j'aime

5

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

765 j'aime

104

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

700 j'aime

50

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

615 j'aime

53