janv 2012:

Ouch! Aussi longtemps qu'il m'en souvienne, j'ai toujours adoré ce film. Combien de fois l'ai-je vu? 20 ou 30? Cela faisait pourtant une bonne troisième année consécutive que je venais de passer sans avoir mis la galette dans le lecteur.

Mais cette fois, ce fut exceptionnel par la nature du disque : il est devenu blu-ray. Et à part l'effet spécial du film, déjà très visiblement risible à l'époque (les yeux satano-fluorescents du bambin à la fin), le film dégage une maitrise visuelle et scénaristique encore et encore épatante. Et de m'interroger sur le sort funeste qu'a connu la célébrité d'Alan Parker. Le cinéaste britannique ne jouit pas d'une reconnaissance méritée, du moins est-ce une impression personnelle.

Cet "Angel Heart" dans la forme constitue une sorte d'alliage entre le film noir et le film fantastique, avec une réelle incarnation des personnages. Un film où les chairs sont mises à mal, un film douleur où la sexualité finit dans le rouge, où la sensualité du sud moite et chaud offre un très fascinant contraste avec la New-York enneigée et bleutée. Le travail de Michael Seresin sur la photographie est à ce propos d'une telle finesse d'exécution que j'en sors toujours ébloui. En plus de proposer une histoire prenante et d'une intensité rare, le film est donc beau. Le Blu-Ray rend justice à ce très bel objet.

L'habillage sonore vient accompagner le plaisir des yeux avec une musique jazzy, blues la plupart du temps, sur laquelle Trevor Jones ajoute des effets sonores bienvenus dans le but de maximiser l'effroi du spectateur. Très bel usage de la musique donc. Le compositeur parvient à sublimer une ambiance rétro, post-guerre 45, par sa musique. Un travail remarquable.

Je ne me souviens plus trop de "Rusty James", mais je crois que le jeune Mickey Rourke trouve là son meilleur rôle, complexe, torturé à souhait, écrasé par une révélation effroyable. Il est excellent de bout en bout de son histoire. Assez jeune encore, il use formidablement bien de son physique, naturel à l'époque, pour charmer les personnages féminins et par voie de conséquence les spectateurs et crée ainsi un détective roublard, plutôt cool et plein de doutes, de peurs, bref couvert d'humanité.

A noter que Lisa Bonet qu'on a connu dans la série "Cosby Show", a un petit rôle extrêmement sexy. Son frais minois s'oppose à la morbidité de l'histoire.

Entre inceste, meurtres en série, satanisme, vaudou, addiction et spiritisme déviant, le film erre longtemps sans but précis laissant le public dans une espèce de délectable expectative.
Alligator
9
Écrit par

Créée

le 20 avr. 2013

Critique lue 525 fois

7 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 525 fois

7

D'autres avis sur Angel Heart - Aux portes de l'enfer

Angel Heart - Aux portes de l'enfer
real_folk_blues
7

Parker, Louis ne perd jamais.

Assez étrangement, je ne peux m’empêcher de rapprocher Angel Heart de Jacob’s Ladder, bien que ce dernier soit postérieur. Il y a ce quelque chose dans la forme ; bleutée, moite, organique, même si...

le 29 mars 2013

62 j'aime

18

Angel Heart - Aux portes de l'enfer
Buddy_Noone
9

Quand descend l'ascenseur...

Si vous essayez de mesurer la popularité d'Angel Heart en farfouillant sur la toile, vous remarquerez à quel point le film d'Alan Parker n'est finalement pas toujours très apprécié. Certains pointent...

le 18 nov. 2020

34 j'aime

15

Angel Heart - Aux portes de l'enfer
Ugly
9

Le mythe Faustien revisité

La première vision de ce film en VHS en 1987 m'avait déjà bien secoué les tripes, je l'ai revu plus tard, puis plus récemment sur le câble, et c'est toujours aussi vertigineux. Alan Parker utilise le...

Par

le 9 sept. 2016

29 j'aime

12

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

53 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime