Pas lu le livre, pas l'intention de le faire, la vie est courte et je préfère peiner sur Zarathoustra présentement. Oué, j'ai décidé que je devais connaître mon Nietzsche avant la cinquantaine. Ça me laisse 8 ans pour lire ce foutu bouquin, et aussi pour accéder à la propriété bourgeoise d'un 2 pièces dans une ruelle du quartier Clignancourt. Car à l'instar de Patrick Bateman...
"I just want to fit in"
Peut-être le bouquin en parle t-il plus, les critiques se focalisent beaucoup sur l'univers destructeur du golden boy. Mais dans le film, ayant pour cadre Wall Street, c'est surtout le répétitif ennuyeux des décors, intérieurs comme extérieurs, des costumes et des cartes de visites que l'on voit. La frénésie argent - coke - putes est plus présente comme élément répétitif banalisé qu'en tant que vertige et déconnexion au monde.
Le rapport au réel semble altéré par ce monde de compétition entre et vers une uniformité, où hommes et femmes se ressemblent au point d'être confondus, échangés, de n'être pas des individus mais des clones.
Dans un tel univers, notre psycho Pat' a besoin d'expériences extrêmes pour se sentir vivre, ou au moins de rêver du contrôle ultime de l'autre par la torture et la mise à mort. On n'est pas très sûr qu'il soit passé à l'acte et peu importe.
Cette approche et le flou sur l'issue rapprochent du cas clinique du psychopathe, incapable d'empathie, en recherche d'emprise sur les autres pour compenser, et néanmoins très rarement meurtrier (Dieu merci... Paraît que 2% d'entre nous sont concernés par cette pathologie).
Du peu que j'en sais, beaucoup de psychopathes non-criminels occupent des postes de pouvoir et/ou d'argent, leur absence d'empathie y est un atout précieux. Wall Street en est sûrement farcie, mais "Margin Call" ou même "Le Loup de Wall Street" traitent réellement du monde de la finance ; American Psycho traite de la folie qui nous guette dans un monde où compétition et conformisme ne font qu'un et occupent l'intégralité de notre existence.
En ce sens, malgré toutes les critiques essuyées par la réalisatrice, la forme colle au sujet, tant dans l'impression de sur-jeu général des acteurs bien dans leur rôle de rôles, que dans la répétition de séquences et le froid chirurgical des décors.
A part ça, j'ai trouvé le film assez laid, trop artificiel, mais cette appréciation eut peut-être été différente si je n'écrivais ni ne lisais sur un réseau social, dominé par la cooptation d'opinions via de petites étoiles, des cœurs, des collections et des flatteries entre pairs.