American Pie 2 par Jethro Paris

Cela peut sembler d'une évidence écrasante, mais voilà : Le problème d'une suite comme "American Pie 2" est qu'il s'agit des mêmes personnages, et que les éléments de surprise et de découverte ont disparu. Dans le premier film, la mère de Stifler apparaissait de façon inattendue, comme un cadeau du ciel. Dans ce film, elle est devenue une blague permanente (sauf pour Stifler). Dans le premier film, Jim ne savait pas que Nadia et lui faisaient l'amour en live sur Internet. Dans celui-ci, il y a une séquence où des inconnus captent une scène de sex sur leurs radios CB, et on se dit : la version de cette année du live Internet.

Cela dit, j'ai passé un très bon moment à "American Pie 2", peut-être parce que les personnages sont des types comiques larges, bien joués ; le film éprouve une certaine sympathie pour leurs dilemmes, et parce qu'il est obsédé par le sex. Et aussi parce que le père de Jim (Eugene Levy), le parent le plus compréhensif du monde, rencontre son fils aux urgences lors de la soirée la plus embarrassante et la plus humiliante de sa vie (rappelez-vous, il s'agit du gamin qui a fait l'amour sur Internet) et lui dit : "Je suis fier de toi, mon fils". Je ne vous dirai pas pourquoi Jim est aux urgences. Il y a beaucoup de choses que je ne peux pas vous dire sur le film, car il est rempli de retournements de situation, de gags visuels et d'aventures sexuelles horribles. Il y a aussi beaucoup d'histoires de sex, comme le fait que trois est le chiffre magique dans les histoires de sex ; quand une femme vous dit avec combien d'hommes elle a couché, vous devez multiplier par trois, et quand un homme vous le dit, vous devez diviser par trois.

Les acteurs d'"American Pie" sont de retour pour cette suite, sans doute parce que leurs contrats originaux le prévoyaient, et c'est tant mieux : Le premier film a coûté 11 millions de dollars et a rapporté plus de 150 millions de dollars dans le monde. Aujourd'hui, ils ont obtenu leur diplôme de fin d'études secondaires, viennent de terminer leur première année d'université et ont décidé de passer l'été en louant une maison sur le lac à Grand Haven, Michigan. Et la fête est lancée.

Jim (Jason Biggs) est le premier parmi les égaux dans le casting. Son expérience sur Internet, sa première rencontre sexuelle, l'a fortement ébranlé, et sa soirée de bal de fin d'année a été un fiasco. Sa petite amie actuelle l'invite à avoir des "relations sexuelles amicales d'adieu" avant la fin du trimestre scolaire, mais il observe avec morosité qu'ils n'ont jamais eu de "relations sexuelles amicales de bonjour". Lorsqu'il apprend que Nadia (Shannon Elizabeth), la fille d'Internet, repart pour l'été, en désespoir de cause, il fait appel à Michelle (Alyson Hannigan) pour lui donner des leçons. Elle est la fille étrange mais adorable qu'il a emmenée au bal de fin d'année, et se montre très sportive, allant jusqu'à attacher son soutien-gorge autour d'un oreiller pour qu'il puisse s'entraîner à le détacher d'une seule main.

La séquence comique la plus longue du film n'est pas exactement la meilleure. Elle implique trois des gars qui sont piégés à l'intérieur de la maison qu'ils peignent par ses deux résidentes, qu'ils pensent être des lesbiennes. Les filles ont accepté de faire le show, si les gars se font tout ce qu'ils veulent voir les filles se faire entre elles. Certaines choses fonctionnent, d'autres perdent la bonne note, et ca dure trop longtemps. On aurait pu trouver une manière plus subtile et plus drôle d'indiquer les sentiments homophobes du gars. Une scène dans laquelle Jim est pris pour un joueur de trombone attardé ne passe pas non plus très bien.

Ce qui est bien dans ce film, c'est que les filles sont dépeintes comme des prédatrices à part entière, et pas simplement comme des objets sexuels objectivés. Heather (Mena Suvari), par exemple, propose du sex par téléphone à son petit ami, et l'on considère pour la première fois l'effet détumescent du call-waiting.

J'ai ri à "American Pie 2", oui, mais je ne voudrais pas voir la fraîcheur de la série se réduire à la répétition de la même formule pour soutirer quelques dollars de plus à la marque. Un signe encourageant que les cinéastes peuvent apprendre et grandir est que la suite ne contienne pas une seule tarte, si vous voyez ce que je veux dire.