
Pourquoi avais-je autant envie de voir American Honey ? Et bien, sur papier, le projet me séduisait littéralement. J'aime énormément le travail de réalisatrice d'Andrea Arnold, principalement Fish Tank qui m'avait mit une grosse claque. Je suis fan des road trips américains, encore plus quand ils servent de toile de fond pour interroger l'état de la société. Le casting était impeccable, porté par la superbe Shasa Star et Shia LaBoeuf... Bref, j'étais ultra enthousiaste ! La déception n'en fut que plus grande ! Si je n'ai en effet rien à redire sur les acteurs qui sont tous excellents, sur les autres niveaux, le film m'a quand même pas mal perdu.
Je comprend très bien qu'Andrea Arnold veut nous conduire au sein d'une Amérique où même les marginaux ne sont mués que par l'argent, mais ça ne fonctionne pas... Que se soit via une symbolique, un peu poussive, sur les insectes ou des scènes qui se répètent en permanence, le propos a du mal à passer. Et c'est bien normal, car prendre quasiment trois heures pour nous raconter, en plus mal, ce que Larry Clark fait à merveille depuis 20 ans j'ai du mal à voir l'intérêt. La volonté de la réalisatrice est de filmer le réel et dans un certain sens c'est ce qu'elle fait ce film. American Honey est comme la vie, très long pour se révéler au final un peu inutile. Car honnêtement, que veut vraiment faire le film ? Nous montrer une autre Amérique ? Nous parler sa jeunesse ? Oui, ok, le film le fait... mais il n'aboutit à rien! J'ai plus ressenti un délire sur une jeunesse transportée par la musique qu'une oeuvre voulant faire écho d'une génération. A ce titre la bande son a quelque chose de génial et porte littéralement le film. Cependant, je pense que pour ceux qui détestent le hip hop (comme moi...) elle risque de vite se transformer en cauchemar. A titre personnel j'ai décroché lors de la 10ème scènes de rap... Ok, certains morceaux sont très sympa, comme le God's Whisper de Raury, mais la mise en image est toujours la même... Des jeunes qui chantent et qui dansent...
Même le côté Road Trip se révèle finalement sans grand intérêt. Le film n'exploite quasiment jamais son environnement et ne propose quasiment aucuns plans le mettant en valeur. D'ailleurs, j'ai énormément de mal avec le choix de filmer en format 4/3. Je comprend très bien la démarche (montrer l'enfermement des personnages dans le cadre de leurs vies) mais sincèrement, pour un film qui doit jouer avec l'espace, ça ne fonctionne pas. C'est un peu la symptomatique du film, la note d'intention est très claire mais elle est soit vaine, soit mal choisie. Je pense honnêtement qu'American Honey est le premier vrai échec artistique de son auteur.
Ca me fait de la peine car c'est pour moi ma première vrai déception de l'année... Il ne s'agit pas d'un mauvais film mais d'un film raté... C'est très différent et au final bien plus frustrant. Car à côté de l'incompréhension que j'ai ressenti tout où long du film, j'ai été séduit par une mise en scène travaillée et une direction d'acteurs impeccable. A ce titre le duo de têtes d'affiches est franchement bluffant. Shasa Star à la beauté et le charisme pour devenir une future grande vedette, quand à Shia LaBoeuf il a aujourd'hui une vrai gueule de cinéma ! L'époque des Transformers et Indiana Jones 4 semble bien loin et en choisissant qui s'éloigner du système il est entrain de prouver, depuis quelques années, qu'il a un énorme potentiel ! Un potentiel qu'avait aussi American Honey mais qui n'a malheureusement pas été transformé...
En Deux Mots :
Long, très long... American Honey prend énormément de temps pour au final ne pas nous raconter grand chose. Entre d'interminables scènes mettant en image des jeunes chantants et dansants sur des tubes hip hop, nous avons droit à un vague road trip qui nous ressort un peu tout ce que le cinéma indépendant US fait depuis maintenant 15 ans. Reste un splendide duo d'acteurs qui arrivent à capter notre attention pendant 3 heures.
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