American beauty a tout d’une comédie satirique : des personnages très typés, plus ou moins hystériques, en fait de traits saillants, formant peu ou prou une sorte de caricature des comportements dans la société américaine et de l’image balisée de la cellule familiale traditionnelle. La façon dont le scénario dépeint ces personnages avec une férocité jubilatoire, leurs mensonges, leurs révoltes petites ou grandes, leurs positions sociales, cette rage accumulée par les frustrations tues, cette manière de les décrire avec moult détails comiques car ridicules et grotesques fait que pendant longtemps on peut croire être devant une comédie, très critique à l’égard de l’american way of life et ses sacro-saintes caractéristiques familiales.


Mais la violence sous-jacente d’abord, puis de plus en plus franche, ne laisse guère de doute sur l’ambition critique avant tout du film. En effet, il tire à boulets rouges sur l’hypocrisie de ce système social, de ce monde bâti sur les apparences et les souffrances terribles qui en découlent. Bien équilibré, le récit se construit avec sûreté. La justesse du propos n’en est que plus forte.


Portée par de très bons comédiens, cette histoire finit par paraître vraisemblable, malgré l’outrance du propos.


Kevin Spacey livre là une performance d’acteur sublime, d’une maîtrise parfaite. Il est tout bêtement prodigieux. Son jeu donne une base très solide à son personnage autour duquel les autres viennent graviter.


Annette Bening est dans un autre registre, tout aussi compliqué. Elle doit jouer une femme également frustrée, qui perd pied peu à peu. Hystérique, dépressive, elle porte un personnage à bout de nerf, au bord du précipice du ridicule et elle parvient à lui maintenir une épaisseur, une crédibilité vitale pour qu’elle génère une véritable émotion compassionnelle.


Dans les rôles plus sommaires, comment passer sous silence la prestation de Chris Cooper dans un rôle là encore difficile à garder vraisemblable tant il est pathétique.


Les jeunes Thora Birch, Wes Bentley et Mena Suvari me font une impression un peu moins marquante. Mena Suvari est agréable, avec un charme difficilement définissable, sans doute dû à son physique si particulier qui la distingue du tout venant.


Le personnage joué par Wes Bentley me semble laisser trop de place à l'ambiguïté et au mystère alors qu’il se définit par sa poésie. Son jeu trop difficile à appréhender se cantonne à de l’impassibilité et une certaine forme de monolithisme qui ne me touche pas beaucoup. Thora Birch quant à elle ne me fait aucune impression particulière, ni en bien, ni en mal.


http://alligatographe.blogspot.fr/2017/05/american-beauty-spacey-mendes.html

Alligator
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le 15 mai 2017

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