De tous les films de Fellini, "Amarcord" reste l'un des plus accessibles.

Jamais autant qu'ici Fellini n'avait manifesté un soucis de simplicité. On peut même déceler dans "Amarcord" une trame narrative presque classique, avec un début, un milieu, une fin, en tout cas une progression des personnages, de l'histoire.
On a beaucoup dit qu'"Amarcord" était une chronique et il l'est sans conteste ; mais ce terme réducteur ne rend pas assez justice aux nombreuses richesses du film, à ses différents niveaux de lecture.

On s'attache aux personnages, on les regarde vivre, grandir ou mourir. On rit souvent (car "Amarcord" est aussi le film le plus ouvertement comique de Fellini... la séquence des professeurs ou celle de l'oncle fou sur son arbre sont, à cet égard, des modèles du genre), on est aussi souvent ému (la mort est représentée sans lourdeur excessive, ce qui la rend d'autant plus poignante).

Mais la chronique est aussi présente dans la facture même du film : son déroulement évoque les saisons ; saisons qui rythment d'ailleurs le film : il s'ouvre et se ferme sur les "manine" qui annoncent le printemps (entre temps, on a vu passer le soleil estival, le brouillard automnal ou la neige hivernale).
Mais ces saisons sont aussi celles de la vie : au fur et à mesure qu' "Amarcord" avance, il devient de moins en moins burlesque et de plus en plus pathétique, jusqu'à la pointe de légèreté nostalgique finale.

Admirable de légèreté, de finesse, infiniment poétique, "Amarcord" n'oublie pas de dire aussi des choses sur des sujets plus graves.
Le fascisme y est dépeint de manière pour le moins originale, mais, en y pensant bien, pas si éloignée que ça de la réalité : ce sont en effet les mêmes personnages qu'on a trouvés tellement sympathiques et drôles au début qui se révèlent être de fervents supporters du Duce ; et le seul résistant qu'on nous montre est plus pathétique qu'héroïque... Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir.

Mais Fellini, comme toujours, ne juge pas : il dessine. C'est là le secret de son cinéma ; c'est aussi sa magie : et, avec "Amarcord", cette magie agit plus que jamais.
Amarcord
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films, 100 films des années 70, Les meilleurs films des années 1970, Les meilleurs films italiens et Les meilleurs films de Federico Fellini

Créée

le 28 janv. 2015

Critique lue 1.4K fois

1 j'aime

Amarcord

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

1

D'autres avis sur Amarcord

Amarcord
Pravda
10

Grazie Federico

Que dire si ce n'est que je n'ai pas envie de noter ce film sans vous raconter à quel point je l'ai aimé ? Fellini m'a déjà plu. Avec la Dolce Vita ou La Strada. Roma m'a grandement intéressée. Mais...

le 21 juil. 2014

38 j'aime

Amarcord
Docteur_Jivago
10

L'hiver qui meurt

Amarcord ou "Je me souviens" en dialecte de Romagne. Un titre qui va à merveille avec cette oeuvre de Federico Fellini où le cinéaste italien évoque sa jeunesse dans l'Italie fasciste...

le 12 juil. 2017

33 j'aime

2

Amarcord
Theloma
9

Je me souviens d'Amarcord

Je me souviens avoir vu Amarcord quand j’étais lycéen Je me souviens que j’avais l’âge de Titta et de ses copains Je me souviens qu’Amarcord veut dire « Je me souviens » Je me souviens de la prof de...

le 19 mai 2019

30 j'aime

10

Du même critique

Alice au pays des merveilles
Amarcord
10

"Qu'on lui coupe la tête !"

L'écrivain italien Alberto Moravia, qui était également (entre autres activités) critique de cinéma, disait qu'avec l'"Alice au pays des merveilles" version Disney, on était, sur le plan de...

le 28 janv. 2015

4 j'aime

Satyricon
Amarcord
10

Rome, année zéro

Disons-le tout net : "Satyricon" est le plus beau film de Fellini ! Etant entendu que "plus beau" ne veut pas forcément dire "meilleur", il s'agit surtout de dire, ici, combien la mise en scène est...

le 14 déc. 2014

3 j'aime

Persona
Amarcord
10

"Je" est une autre

Dans la filmographie, pourtant bien riche en œuvres majeures, du grand cinéaste suédois, "Persona" tient une place à part : il est le film qui a permis à tout un pan du cinéma d'entrer dans une...

le 28 janv. 2015

2 j'aime