Après un premier essai (Roma) à demi-convaincant, Fellini nous donne un premier chef-d’œuvre dans le genre de narration libre qu’il décide d’aborder à partir des années soixante-dix. Je ne connais peut-être pas de film qui mérite davantage le qualificatif de « poésie pure » que cet Amarcord, (« Je me souviens »), tendre et nostalgique sans être mièvre, plastiquement irréprochable, qui joue sur les souvenirs et la mémoire de l’auteur en les transfigurant de la plus belle manière qui soit par l’image cinématographique. La construction de ce récit déstructuré se met en place peu à peu par des petites tranches de vie réelle qui viennent faire irruption par l’intermédiaire de la toile à l’intérieur de notre perception des choses et des gens et s’y inscrire à tout jamais en la transformant. Les fantasmes sexuels felliniens sont exposés dans toute leur simplicité et leur banalité absolue, de même que ses opinions politiques puisqu’une bonne partie du film repose sur la dénonciation du fascisme. La campagne italienne de l’enfance de Fellini est magnifiée par des séquences inoubliables que l’on ne peut pas citer individuellement car il faudrait alors les citer pratiquement toutes. Les personnages sont attachants et drôles, la caméra est subtile et inventive et la musique de Nino Rota n’a peut-être jamais autant représenté les images de Fellini que dans ce film. Authentique génie du cinéma – à mon avis un des trois ou quatre plus grands de l’histoire – Fellini nous livre ici une leçon magistrale de son art en remplissant sa mission première, celle de rendre compte de l’humanité avec un amour sans cesse renouvelé mais toujours aussi enthousiaste et émouvant. Un film à regarder avec le cœur autant qu’avec les yeux.
Maqroll
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top 10 Films, Les plus belles claques esthétiques et Les films qui ont révolutionné le cinéma

Créée

le 7 juil. 2013

Critique lue 564 fois

2 j'aime

Maqroll

Écrit par

Critique lue 564 fois

2

D'autres avis sur Amarcord

Amarcord
Pravda
10

Grazie Federico

Que dire si ce n'est que je n'ai pas envie de noter ce film sans vous raconter à quel point je l'ai aimé ? Fellini m'a déjà plu. Avec la Dolce Vita ou La Strada. Roma m'a grandement intéressée. Mais...

le 21 juil. 2014

38 j'aime

Amarcord
Docteur_Jivago
10

L'hiver qui meurt

Amarcord ou "Je me souviens" en dialecte de Romagne. Un titre qui va à merveille avec cette oeuvre de Federico Fellini où le cinéaste italien évoque sa jeunesse dans l'Italie fasciste...

le 12 juil. 2017

33 j'aime

2

Amarcord
Theloma
9

Je me souviens d'Amarcord

Je me souviens avoir vu Amarcord quand j’étais lycéen Je me souviens que j’avais l’âge de Titta et de ses copains Je me souviens qu’Amarcord veut dire « Je me souviens » Je me souviens de la prof de...

le 19 mai 2019

30 j'aime

10

Du même critique

Little Odessa
Maqroll
9

Critique de Little Odessa par Maqroll

Premier film de James Gray, l'un des génies incontestables du cinéma actuel, où déjà l'essentiel est en place. Un scénario, d'une solidité qui force l'admiration, rapporte une histoire tragique...

le 30 sept. 2010

20 j'aime

1

Babel
Maqroll
5

Critique de Babel par Maqroll

Une quadruple histoire dont on démêle peu à peu les intrications, qui constituent une espèce de fresque sur les difficultés des êtres humains à parler entre eux. Malheureusement, ce film rempli de...

le 17 juil. 2013

18 j'aime

2

L'Émigrant
Maqroll
10

Critique de L'Émigrant par Maqroll

Attention, chef d’œuvre absolu. Chaplin s’attaque ici au mythe des mythes, l’arrivée des immigrants aux États-Unis (via Ellis Island) et la voie ouverte à tous les rêves… La traversée de l’Atlantique...

le 10 juil. 2013

16 j'aime

3