Il faut en passer par là un jour, donc lançons nous. AVP 2 récoltait un certain buzz pendant sa campagne promo qui nous avait gratifié d’un trailer, disons le, efficace. Pas étonnant, il reprenait pratiquement tous les temps forts du film, passant sous silence tout ce qui allait faire la gêne de ce dernier film, enterré en beauté par les frères Strause. La perspective d’un revisionnage m’enchantait tellement peu que j’en ai profité pour écouter les commentaires audio. C’était déjà plus supportable que le film, mais entendre Greg et Colin s’envoyer régulièrement des fleurs sur leur travail, se contenter de « oh c’est cool » pour développer le design de la planète prédator ou dire du bien d’absolument tout le monde (quand on vous dit dans les bonus que le tournage d’un film sous pression avec restriction de budget s’est merveilleusement bien passé, que tout le monde il est gentil, que les producteurs sont des gens géniaux et que la secrétaire qui faisait le café est une personne charmante et que le scénariste en grève a fait un travail fabuleux, c’est qu’on vous ment avec une sincérité touchante, grand sourire aux lèvres et avec tape sur l’épaule), c’est devenu rapidement trop pour moi. Je suis donc allé écouter le commentaire des responsables des effets spéciaux, à savoir Alec Gillis et Tom Woodruff. Il était nettement plus intéressant, notamment dans l’évocation de l’anecdote d’un vol de costume alien retrouvé quelque temps plus tard quand il a été mis en vente sur internet, et des déboires des cascadeurs dans les costumes d’aliens qui faisaient des hypothermies tant les costumes absorbaient la chaleur de leur corps. Toutefois, ils deviennent lassant quand ils mentionnent leur livre « Into the monster shop », achetable sur www.designstudiopress.com, à 6 reprises (ce qui montrent combien ils considèrent ce commentaire comme support publicitaire). Je n’ai toujours pas parlé du film que déjà, ça m’énerve. Bon, on y va. Alien versus Predator 2 reprend en gros la trame du Blob de Chuck Russell, sauf que si ce dernier est un divertissement caoutchouteux génial, AVP 2 est un navet. Pourquoi ? Parce que les créatures sont mal éclairées (trop souvent dans l’ombre), que le montage ne met jamais en valeur les travaux de l’équipe d’effets spéciaux, que le scénario est mauvais, que les acteurs sont mauvais, que le rythme est inexistant, et que la violence est gratuite. Certes, sur le point de la violence, il est évident que les films de monstre le sont toujours un peu d’un côté. Mais quand on a un sadisme qui ne respecte aucun personnage (le gamin assiste à la mort de son père avant de crever, les femmes enceintes de font exploser le bide par des aliens, la moitié des civils meurent exterminés par l’armée…), on se dit que le scénariste a un problème avec l’humanité. Surtout quand il érige en héros un livreur de pizza irresponsable, une bimbo et une soldate revenant d’Irak en mode Battle Los Angeles. Seul le taulard se révèle gentiment rock’n roll, mais on est loin du charisme de bad boy du Flag exterminateur de blob. Le prédator bénéficie toutefois d’un design soigné et de quelques nouveaux gadgets james bond complètement inutiles mais c’est jouissif. Toutefois, avant de le voir à l’œuvre, il faudra patienter. Parce qu’il passe son temps à effacer les preuves alors que la situation est hors de contrôle. Qu’est-ce que c’est que cette idée nanardeuse ? On a un prédator technicien de surface ? Et quand il combat, je vous conseille de faire défiler les scènes au ralenti, parce que c’est tellement rapide que l’action en devient illisible (déjà qu’il fait noir), et qu’il doit bien y avoir grand max 10 minutes de combat pendant tout le film. Qu’est ce qu’on a alors pendant une heure et demie ? Du livrage de pizza, une bimbo qui se désape, une maman soldat qui aimerait que sa gamine lui montre son amour, une traque pour des personnes qu’on sait déjà mortes, des sdf qui graillent… Rien, mais dans le genre néant vide. Aucune ambiance, aucune tension, aucun suspense, des jump scares foireux ou du gore gratuit tellement expédié qu’il n’y a rien de jouissif à voir. Et quand on entend Alex Gillis dire qu’il y avait des dizaines d’effets gores initialement prévus qui ont tous été annulés soit par manque de budget, soit parce que les producteurs ne voulaient pas, on prend conscience de l’ampleur du gâchis. Un gâchis bien représenté par la créature du prédalien (nommée Chet dans les bonus). Si dans les jeux et les comics, la créature existe, elle est ici tellement gauche qu’elle ne fait pas un instant illusion (ce n’est pas une menace, c’est un cascadeur qui ne voit pas où il va), et dont la capacité de ponte, complètement illogique, trahit l’impossibilité de faire apparaître la reine alien habituelle. Tout ça pour accélérer le rythme et illustrer un script aux ambitions plus bas que terre, réduisant l’affrontement final à une peau de chagrin n’excédant pas 5 minutes, et sans arrêt interrompue par des destins humains dont on se branle. On ajoute l’excuse de l’armée pour justifier un tir de missile nucléaire sur une de ses propres villes : « il faut suivre les ordres ». Et un dénouement à côté de la plaque qui nous promet probablement une guerre commerciale dans AVP 3 entre la CIA et les chinois avec une contrefaçon du canon prédator… Ils auraient dû tuer les uniques survivants tant qu’ils y étaient. AVP 2, c’est donc le clou dans le cercueil de cette saga à potentiel, ruinée par un script foireux et des acteurs totalement inconsistants.
Voracinéphile
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le 15 juil. 2014

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