Bien loin des dessins animés conventionnels, Alice fut même boudée le jour de sa sortie car serait une adaptation trop libre de l'oeuvre de Lewis Carroll. Mais on s'en bat les pois chiche, on est pas là pour avoir un copié/collé, nous voulons de la magie, et c'est grâce à ça que cette adaptation est aujourd'hui inscrite comme l'une des merveilles des classiques Disney.


Néanmoins, Alice a su traumatiser de nombreux d'enfants, dont moi-même (Coucou Dumbo également), mais c'est que plus tard, une fois plus grand qu'on l'apprécie à sa juste valeur, car le pays des merveilles est en réalité, loin d'être merveilleux.


La curiosité est un vilain défaut, et cette petite conne fougueuse va l'apprendre à ses dépens. En plus de jouer avec sa chatte toute mignonne nommée Dinah (gros dégueulasse arrête de t'imaginer des choses comme ça, je sais à quoi tu penses...Ne me dis pas que c'est faux. Ne prends pas mon cul pour du poulet) au lieu d'écouter ses leçons, cette cancre décide de se promener et poursuivre un lapin blanc, qui va la guider à son insu, dans un monde psychédélique où la drogue dur est de consommation courante.


Pays des merveilles... pas vraiment, ce monde est glauque, étrange, bizarre, anormal, curieux, insolite, inhabituel, excentrique, inaccoutumé... mais en aucun cas "merveilleux". Mais ce dessin animé, lui, l'est. Tout d'abord grâce à ses personnages, comme dit le Chat-Fouin, il sont FOUS !
Et c'est grâce à ceci, que le film est wonderful !


Les protagonistes sont légendaires et dénoncent chacun quelque chose.
Tweedle Dee et Tweedle Dum ont beaux être délirants, et à la fois inquiétants et ridicules, leur histoire de monsieur Morse et du Charpentier est bien précurseur du destin d'Alice dans ce monde de dégénérés. Pouet Pouet !


Les Fleurs quand à elles, sont belles et douces avec la jeune Alice, jusqu'à qu'elles découvrent qu'elle n'est pas une belle plante comme elles, et là, les épines piquent. Si ce n'est pas une belle représentation de discrimination ça !


La Chenille, quand à elle est bien plus subtile, relativement petite et de forme phallique, symbole du questionnement d'Alice sur son identité sexuelle. Bah ouais, elle est ado'. Le narguilé pouvant représenter une zezette, sa façon d'aspirer est si passionné, tout en expirant des voyelles symboles de l'extase, de la plénitude sexuelle, la métaphore paraît alors évidente après réflexion. A ajouter à ceci, le soucis de notre héroïne à vouloir grandir et dépasser ces fichus 10 centimètres significatifs, et la chanson implicite du protagoniste en question : "C’est l’heure où le long crocodile, languissamment s’étire et bâille, Et fait glisser les eaux du Nil, Sur l’armure de ses écailles." T'as compris hein ? Petite canaille.


Puis qui, une fois grossie, prend des œufs d'une geignarde d'oiseau. Elle se fait insulter de serpent, reptile par excellence symbolisant le mal. Rocco Siffredi, c'est le mâle. Euh le mal. Encore une allusion sexuelle en parallèle avec l'envie d'être mère, avec ce vol d'œuf. Mais contrairement à l'expression, elle ne volera jamais de bœuf par la suite.


Ensuite viennent le Chapelier Fou et le Lièvre de Mars, semblables à des psychanalystes en particulier le Chapelier : « Maintenant ma chère, j’ai l’impression que vous avez une préoccupation. Voulez-vous nous dire ce qui vous ennuie ? » « Racontez-nous du début à la fin » précise le Lièvre de mars. Ils servent à Alice à se poser des questions, et à répondre d'elle-même, sans la moindre aide au final.
Au fait, je tiens à te souhaite un joyeux non-anniversaire. Ne me remercie pas.


Puis la Reine de Cœur - Qu'on lui coupe la tête !!! - personnage détestable, bruyant qui passe du coq à l'âne comme dans une partouze à la ferme. Symbole de la dictature qui s'empresse de condamner pour une fleur blanche sans juger préalablement. Parfait portrait de la dictature, n'est-ce pas.
Heureusement qu'il y a le Roi, minable mais pourvu de bon sens, qui s'écrase face au pouvoir de la femme. C'est là qu'on voit que c'est une fiction.


Il y a encore une multitude de personnages fascinants, qui colorent et apportent du piment à cette aventure incroyable !


De plus, on sent bien que les "Silly Symphonies" ne sont pas si loin, avec toutes ces musiques et ces 20 chansons toutes fabuleuses. En particulier celle des fleurs et leur "Un matin de mai fleuri", Le "A-E-I-O-U" de la chenille ou encore le "Peignons les roses en rouge", on sent bien que Wilfried Jackson y apporta son grain de sel. Et ce n'est pas du quelconque sel de mer. Du sel de Guérande wesh.


Finalement, ce 13ème classique d'animation Disney est une oeuvre mature, peut-être un peu trop pour les enfants, car demande tout de même un certain courage pour affronter ce long métrage, qui baigne dans une sauce piquante. N'importe quel enfant aurait du mal à supporter ce LSD Land : le destin de ces pauvres huîtres ! Les yeux de ce chat malicieux et fourbe qui disparaît ! Ces vilaines fleurs moqueuses racistes ! Cette reine tyrannique qui veut tuer des gens !


Mais le pire reste ce moment de solitude, d'émotion. Alice qui se remet en question, se retrouvant seule, perdue dans l'obscurité, avec des animaux étranges alors que le chien efface le chemin marqué au sol, petit à petit. Le cauchemar de n'importe quel enfant. Souvenez comment vous avez pédalé dans la semoule la première fois que vous vous êtes perdus à Carrefour ! Scène abominable lorsqu'on a pas encore huit ans.


Un Disney qui maîtrise aussi bien le drame, le fantastique, ainsi que l'épouvante enfantine, c'est trop classe.


Alice aux pays des merveilles est plus qu'un dessin-animé, c'est un voyage initiatique. Une passerelle entre l'enfance et la maturité. Une excursion étrange à mi-chemin entre merveilleux et horrible, dont nous avons tous plus ou moins semblables. Rappelez-vous cette dernier course effrénée qui s'effectue au ralenti lorsque Alice fuit ce monde impitoyable pour se réveiller. Un monde qui fait peur, mais qui fait toujours bon d'y remettre les pieds en particulier avec cette incroyable héroïne. Je ne parle pas de la drogue hein, voyez l'état dans lequel ça met Alice.

Alex-La-Biche
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le 29 mars 2014

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le 3 août 2014

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Alex La Biche

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