Akira
7.9
Akira

Long-métrage d'animation de Katsuhiro Ôtomo (1988)

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J’ai toujours préféré à la poésie et au lyrisme , la chaos et la destruction. J’ai toujours préféré la noirceur et la violence d’un Carpenter à un jolie film sur la romance et la nature. Cette facette du monde que l’on rejette et que l’on ne nous vend pas sur une carte postale. Mais ce que j’ai toujours préféré n’est nul doute l’animation.


Pourtant il n’existe au monde qu’une seule type d’animation capable de me faire vibrer , d’attirer mon attention et de forcer mon admiration. Elle se résume en trois techniques : CRAYON / PAPIER / PELLICULE. Aucun sentiment ne se dégage de moi face à la 3D. L’animation reste plutôt froide à mes yeux mais je peux être agréablement surpris par la grande fluidité. Et pourtant , jamais au grand jamais la 3D ne pourra substituer ce que j’éprouve pour le dessin crayon-papier. Surtout quand il s’agit du maître Otomo.


Au départ , AKIRA est un monstre de la bande-dessinée , le boss final des mangas , celui qui a servi à l’exportation des mangas en Occident avec Dragon Ball. Ce dernier a bénéficié de l’adaptation en série grâce à la richesse et l’attirance de son univers. Mais pas AKIRA. Une transposition que j’aurais qualifié d’horrible insulte à l’œuvre d’origine car , quand on lit AKIRA , on lit une story-board. Puis notre imagination n’a plus qu’à concevoir les images et les cases en mouvement pour construire un film. On devient tous le réalisateur d’AKIRA , de cette mise en BD d’un film par une main de maître.
Ce manga est une véritable déclaration d’amour à l’art cinématographique. Il n’était plus qu’évident que ce mastodonte ait sa propre adaptation.


La machine fut lancée. Et ce travail ne partait pas sous les meilleures hospices ; six tomes presque aussi grand qu’un comics et deux fois plus larges qu’un Naruto ou One Piece. Restreindre la richesse de ces six tomes en un seul film , tel est le défi qu’a su relever Otomo. Même si l’histoire s’avère différente sur certains points , il m’est impossible de cracher dessus. L’histoire peut paraître farfelue , mais il est indéniable de bonne volonté du créateur. La vision d’Otomo se voit transformer sur un format plus restreint.


Pourtant il l’a fait. En seulement deux heures , il parvient à rendre son univers aussi attirant et complexe qu’à l’origine. De la S-F punk aussi envoûtante que violente dans une œuvre déjà précurseur sur la société où le scénariste dépeint une jeunesse isolée et déchaînée , abandonnée par des gouvernants incompétents en perpétuel bras de fer contre des révolutionnaires. Des moments forts où plane l’ombre d’un mystère , d’un complot mystique. Une puissance inimaginable digne de celle de Dieu. Otomo ne fera pas l’impasse sur le sujet le plus important et non moins intéressant , c’est d’ailleurs là qu’il réussit le mieux , en instaurant cette aura de mystère tout le long du film jusqu’à la révélation. Akira est l’énergie absolu de l’univers. On ne cesse d’être intriguer , même après le film.


Si AKIRA brille par son ambiance et son univers , c’est parce qu’il peut compter sur les deux piliers majeurs que compose ce tout qu’il peint. L’animation et la mise en scène.
Cette qualité de dessin , cette maîtrise totale de l’animation et de la mise en scène qui n’ont plus de limite technique. A l’instar de ce qu’il représente , AKIRA balaye toute concurrence de son animation ravageuse et ceux encore aujourd’hui. Tout est calibré , tout est parfait dans ces coups de trait que le temps n’atteindra pas. Effectivement , quand je vois de nos jours ce qu’on fait , tout porte à le croire. En exemple , j’ai Le Garçon et La Bête de Mamoru Hosoda de 2016 quand je les vois massacrer l’animation à coup de renfort 3D ignoble pour animé la foule et les véhicules. Ou encore de la part d’Otomo dans Steamboy.
Plus jamais on ne dépassera la fluidité , le mouvement et la couleur resplendissante du film. Des dessins tous plus ahurissants les uns que les autres et dégoulinants de précision.


Avec cet immense pouvoir au bout de ses doigts , Katsuhiro Otomo n’a plus de limite. Tous les plans , tous les fantasmes sont possibles. Le réalisateur , soucieux dans ce qu’il dessine et ce qu’il cadre , créera des moments inoubliables qui imprègnent la rétine. Accrochez-vous bien , ça commence dès l’intro. Dans le silence quasi gênant qu’offre la vue panoramique sur la ville apparaît l’explosion signant la fin d’une ère de prospérité. Puis dans les ruines désolées surgit l’apparition de titre la plus claquante de l’histoire.
Et ce n’est pas cette séquence qui sera la dernière à marquer votre mémoire : la course-poursuite entre motards , les balles qui déchirent le révolutionnaire , le rêve de Tetsuo , la transformation de ce dernier , la chambre froide d’Akira qui se décompose , la chute du pont , l’apparition de SOL et sa destruction , et comment dire non à ce déluge d’explosion animée.


De plus , que serait un film sans sa bande-son qui , ici , mélange savoureusement mystique , religion et science-fiction.


AKIRA , après le visionnage , on reste en état de choc devant un tel déferlement. Et quoi de plus normal quand on vient d’atteindre le plus haut sommet de l’animation. Et si ce n’était que cela …. Il a suffi d’ajouter un rythme dantesque dans une mise en scène impeccable qui pose une ambiance obsédante avec une musique inoubliable.
J’ai toujours préféré la main de l’homme à la patte technologique.


Akira , il est l’énergie absolue de l’univers.
AKIRA , c’est l’énergie absolue de l’animation.

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le 21 juin 2016

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