A aucun moment je n’ai réussi à m’intéresser à cette histoire. C’est peut-être dû au fait qu’on connaît déjà la fin et donc que chaque rebondissement tombe systématiquement à plat, ou peut-être parce que suivre pendant deux heures l’élaboration d’une stratégie marketing et une négociation commerciale c’est ennuyeux pour n’importe quelle personne qui n’est pas en école de commerce, ou peut-être parce qu’on a droit à une succession de poncifs sur la réussite entrepreneuriale, qu’aucun personnage n’est intéressant, que le personnage interprété par Matt Damon, l’idéaliste passionné qui se bat parce qu’il y croit vraiment, a été vu des centaines de fois, que les dialogues sont poussifs, que la réalisation de Ben Affleck est toujours aussi plate… Ça doit être pour tout ça en même temps.
Et le film ne prend même pas de recul sur son sujet. C’est une immense glorification de la réussite individuelle et du marketing, avec des discours de marketeux au premier degré, des mecs dans des bureaux qui se donnent à fond pour maximiser les performances de leur entreprise. Le film nous montre d’ailleurs un bon cas d’espèce du fonctionnement du capitalisme : avec deux entreprises qui s’endorment sur leurs lauriers en croyant être protégées par leurs positions dominantes, ce qui permet à une autre entreprise de bousculer le jeu et d’emporter la mise.
En fait, on voit pendant deux heures des hommes d’affaires essayer de trouver le meilleur moyen de nous tondre, nous, les consommateurs assez crédules pour acheter leurs produits à des prix excessifs au prétexte qu’il y a l’image d’une star dessus. Et le film idéalise tous ces gens, personne n’est foncièrement mauvais, et nous les présente comme les héros de l’histoire… c’est fabuleux.