Profiter des derniers rayons de soleil.

Aftersun est un film qui parle de nos directions, de vers quoi et d’où on regarde, de ce sur quoi on s’appuie pour regarder et du moment où cet appui s’en va.

Ce film est d'une douceur vraiment remarquable mais qui lorsqu’on décide de regarder plus près les malheurs qu’il montre, il laisse un arrière-goût vraiment très amer. Les personnages qu’il montre ne sont pas d’une complexité extrême, les situations qu’il montre sont également très banales mais les sentiments ressentis par les personnages et dont le film traite font toute sa couleur. On ne saurait reprocher à qui que ce soit les drames qui s’y passent, pas de méchant, pas vraiment d’injustice sociale, juste un mal-être profond qui habite le personnage du père, Calum.

Nous, en tant que spectateur mais également Sophie, sa fille de 11 ans, sommes bien impuissant devant sa situation et c’est probablement ce qui rend le film si tragique, c'est de savoir qu'il n'y a pas d'espoir qu'il aille mieux. Le film va au delà du propos consistant à dire qu’une apparence joviale peut cacher de sévères souffrances mentales. Il traite du sentiment de solitude (bien que physiquement accompagné) qui empêche de se sentir compris, qui empêche de chercher du soutien quand chercher du soutien signifie perdre ces derniers moments de joie qui nous font nous accrocher et tenir le cap.

Un cap, Calum n’en a plus et a abandonné l’idée en chercher un. Sa fille demeure la seule chose qui l’empêche de sombrer dans l’obscurité (image récurrente du film). Malgré ses 11 ans et sa maturité précoce, Sophie ne parvient que très difficilement à supporter son père dans sa douleur. Leurs situations sont diamétralement opposées ce qui empêche les deux de vraiment se retrouver. Sophie avec toutes les expériences qu’il lui reste à vivre ne peut comprendre le désespoir de Calum qui contemple sa vingtaine écoulée et ses nombreux échecs de vie.

Aftersun est film doux, calme, très intimiste (on est souvent au niveau des corps au niveau de la caméra ce qui donne ce côté chaud, sécurisant au film). Hormis ce propos sur la souffrance, ce film traite de la façon d’ « âger », d’avancer dans la vie et percevoir le temps qui passe ainsi que les problèmes existentiels qui y sont reliés.

Les relations parent-enfant (et même les relations en général) sont aussi un thème abordé par Aftersun. Entre autres, le film nous montre un rapport à l’autorité parentale assez différent de la norme, la part d’amitié dans les relations familiales et enfin l’importance de l’empathie, du soin et de l’humilité dans les relations interpersonnelles.

Si l’absence d’un rythme bien marqué ne vous dérange pas et que vous appréciez les films contemplatifs, foncez voir Aftersun qui est définitivement un film qui parle des humains et de leurs émotions. Un film auquel on repense pendant longtemps et qui peut faire écho en chacun de nous.

DreamyCinephile
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le 7 mars 2023

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