Aftersun est un film « mine de rien », sans effet ni démonstration, rejetant constamment toute forme de pathos, mais qui connecte en trois scènes son spectateur avec ses personnages et l’accompagne jusqu'à un final lumineux et terrassant. Sans qu’il ne l’ait vraiment vu venir.

La réalisatrice capture l'essence de cet amour filiale, saisit l’extrême complexité de cette relation à la fois évidente, douce et complice entre un père et sa fille, mais chargée de non-dits.

Le scénario limpide est autant empreint de grâce que de mélancolie. Il laisse planer une menace lointaine, mais qui pèse constamment sur le récit et présage du pire sans jamais l'évoquer.

Charlotte Wells déploie une mise en scène sensible, discrète mais néanmoins inventive, capable d’asséner sans crier gare des uppercuts d'émotions (les voix nues de Freddie Mercury et David Bowie sur Under Pressure, quelle idée, quelle claque).

D'une pudeur bouleversante, Paul Mescal impressionne en jeune père célibataire au mal-être évident mais qu’il se doit de surmonter devant sa fille, confirmant tout le talent étalé dans la série The Normal People. La jeune Frankie Corio est quant à elle une grande révélation.

Grâce à eux, Aftersun atteint un équilibre assez miraculeux entre la suggestion et le souvenir, l'évidence et le mystère. Simplement beau et lumineux.

Thibault_du_Verne
8

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2023

Créée

le 6 févr. 2023

Critique lue 16 fois

Critique lue 16 fois

D'autres avis sur Aftersun

Aftersun
Moizi
8

All inclusive

Aftersun propose quelque chose qu'on ne voit quasiment jamais dans les films de vacances : un père et sa fille qui ne font rien, si ce n'est aller à la piscine et jouer au billard. Et pour ça le film...

le 1 févr. 2023

88 j'aime

2

Aftersun
Sergent_Pepper
7

Shout of time

Le film à hauteur d’enfant est toujours l’occasion d’un parti pris esthétique affirmé : il s’agit la plupart du temps de réduire le cadre, ou d’occulter certains éléments pour se mettre au diapason...

le 2 févr. 2023

80 j'aime

4

Aftersun
mymp
8

L'été meurtri

"Je ne peux pas m’imaginer à 40 ans, honnêtement. Je suis surpris d’être arrivé à 30". Calum dit ça à un moment, l’air grave, et la phrase émeut et heurte à la fois, témoigne de ce que l’on pressent,...

Par

le 27 janv. 2023

49 j'aime

Du même critique

Ma Loute
Thibault_du_Verne
3

MA LOUTE – 6/20

Autant le dire d’emblée, Ma Loute m’est passé complétement au-dessus. Comédie burlesque, voir grotesque, empreinte d’une excentricité peu commune, le film de Bruno Dumont est si singulier qu’il ne...

le 23 mai 2016

42 j'aime

7

The Strangers
Thibault_du_Verne
4

THE STRANGERS – 8/20

Le mélange des genres est un exercice assez courant dans le cinéma sud-coréen (on se rappelle de l’ovni The Host de Joon-ho Bong), ce n’est pas ce qui étonne le plus à propos de The Strangers. On ne...

le 27 juil. 2016

38 j'aime

En attendant Bojangles
Thibault_du_Verne
6

Cinéma | EN ATTENDANT BOJANGLES – 13/20

Tombé sous le charme de cette fantasque histoire d’amour à la lecture du roman d’Olivier Bourdeaut, j’étais curieux de découvrir quelle adaptation Regis Roinsard allait en tirer, lui qui a prouvé...

le 22 janv. 2022

26 j'aime